Les transitions
  • Environnement
  • Économie
  • Numérique
  • Focus
No Result
View All Result
  • Environnement
  • Économie
  • Numérique
  • Focus
No Result
View All Result
Les transitions
No Result
View All Result

Et si on redonnait du pouvoir aux rivières ?

Mathieu by Mathieu
juillet 9, 2025
in Dossiers, Transitions
Rivière entourée de végétation, illustrant la gestion écologique et participative de l’eau à l’échelle d’un bassin versant.

Vers une nouvelle gouvernance de l’eau : préserver les rivières, c’est aussi protéger notre avenir commun.

Vers une nouvelle gouvernance de l’eau en France

Face aux sécheresses de plus en plus fréquentes, aux restrictions d’usage estivales et à la dégradation des milieux aquatiques, la gouvernance de l’eau devient un enjeu majeur pour notre société. Partout en France, les signaux d’alerte se multiplient : nappes phréatiques en tension, conflits d’usage entre agriculture, industrie et collectivités, pollution diffuse… L’eau, bien commun essentiel, se raréfie et devient un objet de tensions, révélant les limites de notre système actuel de gestion.

Longtemps traitée comme une ressource technique à réguler, l’eau nous oblige désormais à repenser en profondeur notre rapport aux écosystèmes. Comment faire émerger une gouvernance de l’eau plus juste, plus inclusive, et capable de répondre aux défis du XXIe siècle ? Comment articuler les connaissances scientifiques, les droits des territoires, la participation citoyenne et les impératifs écologiques ?

C’est cette réflexion, à la fois urgente et structurante, que nous explorons dans cet article. Avant d’imaginer des solutions concrètes, il est essentiel de comprendre pourquoi un changement de paradigme s’impose.

L’eau, bien commun menacé

En France comme ailleurs, la ressource en eau subit une pression croissante. Depuis plusieurs années, les rapports d’alerte se succèdent : selon les projections de Météo-France et du GIEC, de nombreux territoires français pourraient connaître des diminutions de débit des cours d’eau allant jusqu’à 40 % d’ici 2050. Ces changements touchent en particulier le sud-ouest, le couloir rhodanien, et les zones de montagne dont les régimes hydrologiques dépendent fortement de la fonte nivale.

Cette raréfaction de l’eau n’est pas un phénomène isolé : elle s’accompagne d’une montée des conflits d’usage. Les agriculteurs, confrontés à des sécheresses répétées, réclament davantage d’irrigation pour sécuriser les récoltes. Les industriels cherchent à préserver leur productivité. Les collectivités, elles, doivent assurer l’approvisionnement en eau potable tout en respectant les seuils de qualité environnementale. À cela s’ajoutent les besoins des milieux naturels eux-mêmes, souvent relégués au second plan.

La gouvernance de l’eau actuelle, bien que structurée autour d’outils puissants comme les SAGE (schémas d’aménagement et de gestion des eaux) ou les SDAGE (directives de bassin), peine à répondre à ces tensions croissantes. Fragmentée, souvent technocratique, elle ne parvient pas toujours à impliquer efficacement les citoyens ni à intégrer la complexité écologique et sociale des territoires.

Et pourtant, l’eau n’est pas une simple ressource économique. Elle est un bien commun vital, porteur d’attachements culturels, spirituels et territoriaux. À ce titre, elle mérite une gouvernance renouvelée, capable de concilier équité, efficacité et préservation du vivant.

Une gouvernance à bout de souffle ?

En France, la gouvernance de l’eau repose historiquement sur une organisation par grands bassins hydrographiques, pilotés par les agences de l’eau et articulés autour de dispositifs comme les SDAGE et les comités de bassin. Ce modèle, mis en place dès les années 1960, a permis des avancées notables en matière de coordination, de planification et de financement des politiques de l’eau.

Mais aujourd’hui, ce cadre montre ses limites. Il est souvent jugé trop descendant, peu lisible pour les citoyens, et parfois déconnecté des réalités locales. Les décisions sont prises à des échelles très larges, alors même que les enjeux liés à l’eau — pollutions diffuses, prélèvements, conflits d’usage — se jouent souvent à l’échelle fine des territoires, voire des micro-bassins.

De plus, la complexité des institutions et la multiplicité des acteurs rendent difficile l’émergence de réponses rapides face à des crises de plus en plus fréquentes. Lors des épisodes de sécheresse ou de pollution, il n’est pas toujours clair qui décide, qui arbitre, et selon quels critères.

Une autre critique réside dans la faible inclusion des citoyens et usagers dans les processus décisionnels. Or, la gouvernance de l’eau ne peut plus être l’apanage des experts et des techniciens : elle doit devenir un projet politique, partagé, porté par les territoires eux-mêmes.

Cette crise de légitimité et d’efficacité appelle à un renouveau : non pas une table rase, mais une hybridation entre les dispositifs existants et de nouvelles formes de gouvernance territoriale, plus agiles, plus ouvertes et plus centrées sur les écosystèmes.

Des idées neuves pour des rivières vivantes

Face aux limites du système actuel, de nouvelles approches émergent à travers le monde pour repenser en profondeur la gouvernance de l’eau. Certaines idées, audacieuses, invitent à un véritable changement de regard sur les écosystèmes aquatiques : ne plus les considérer uniquement comme des ressources à gérer, mais comme des entités vivantes, dotées de droits propres.

C’est notamment le cas du mouvement pour la personnalité juridique des entités naturelles, encore appelé « animisme légal ». En 2017, la rivière Whanganui en Nouvelle-Zélande est devenue la première au monde à obtenir une reconnaissance juridique en tant qu’« entité vivante ». D’autres ont suivi : le fleuve Atrato en Colombie, le Gange en Inde (même si ce dernier a été ensuite suspendu par la Cour suprême), ou encore des forêts et glaciers.

Ces initiatives ne relèvent pas d’un simple symbole. Elles visent à créer des dispositifs concrets de représentation légale des milieux naturels, avec des gardiens désignés, des mécanismes de suivi, et la possibilité d’agir en justice pour protéger l’intégrité écologique de ces entités.

En France, le débat est encore émergent, mais gagne en visibilité. Des réflexions sont en cours autour de la reconnaissance de droits à la Loire ou à l’Allier. Ces approches permettent d’ancrer une gouvernance de l’eau plus sensible et plus respectueuse du vivant, en reconnectant les décisions humaines avec la voix des milieux qu’elles affectent.

L’animisme légal ouvre aussi la voie à des formes de narration et de médiation nouvelles. Il crée un cadre favorable pour faire émerger une culture de l’eau plus inclusive, où les citoyens, les scientifiques, les élus et les écosystèmes sont placés sur un même plan de dialogue.

Des citoyens qui veulent s’engager

Alors que les tensions sur la ressource s’accentuent, un autre acteur monte en puissance dans le paysage de la gouvernance de l’eau : le citoyen. À travers des actions locales, des campagnes de sensibilisation ou encore des financements participatifs, de plus en plus de personnes souhaitent reprendre la main sur la préservation des milieux aquatiques.

En France, des projets comme la renaturation de zones humides, la restauration de haies ou la dépollution de rivières font régulièrement appel au crowdfunding environnemental. Ces initiatives permettent à chacun de contribuer financièrement à la santé des écosystèmes, mais aussi de se sentir partie prenante d’un bien commun.

Certaines plateformes comme Blue Bees, LITA.co ou Miimosa ont déjà permis de financer des projets liés à l’eau. À l’international, des modèles plus avancés émergent, comme celui de Water Funds en Amérique latine, qui collectent des contributions publiques et privées pour financer la protection des bassins versants en amont des grandes villes.

Ces mécanismes, en liant financement citoyen et actions environnementales concrètes, ouvrent de nouvelles perspectives pour une gouvernance de l’eau plus décentralisée et démocratique. Ils permettent aussi de sortir d’une logique uniquement institutionnelle ou technocratique pour faire place à des formes de coopération directe entre usagers de l’eau.

L’un des leviers les plus prometteurs réside dans la combinaison entre financement participatif et paiement pour services environnementaux (PSE). En d’autres termes : rémunérer les agriculteurs, forestiers ou collectivités qui changent leurs pratiques pour préserver l’eau, grâce à l’argent collecté directement auprès de ceux qui bénéficient de cette protection — citoyens, entreprises, collectivités voisines.

Ce type de mécanisme, encore peu développé en France dans le domaine de l’eau, pourrait devenir un pilier innovant de la gouvernance hydrique de demain.

Conclusion

La gouvernance de l’eau en France entre dans une phase charnière. Face à l’amplification des crises climatiques, à la dégradation des milieux aquatiques et aux limites d’un modèle trop centralisé, un nouveau récit émerge. Celui d’une gestion partagée, sensible, ancrée dans les territoires et ouverte à l’innovation démocratique, écologique et juridique.

Donner une voix aux rivières, redéfinir les rôles entre institutions, citoyens et écosystèmes, mobiliser l’intelligence collective et les financements participatifs : autant de pistes pour construire une gouvernance plus résiliente et plus juste.

Il ne s’agit pas de remplacer les dispositifs existants, mais de les enrichir, les compléter, et parfois les réinterroger. L’eau, bien commun essentiel, mérite une gouvernance à sa hauteur : inclusive, imaginative et tournée vers le long terme.

Dans un prochain article, nous vous présenterons une proposition concrète pour expérimenter en France un modèle innovant de gouvernance de l’eau, alliant financement citoyen, paiements pour services environnementaux et gouvernance locale des bassins versants.

Pour aller plus loin, voici un dossier plus complet sur ce sujet.

Télécharger le pdf

📨 Recevez les prochains articles dans votre boite mail !

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! En savoir plus dans notre politique de confidentialité

Vérifiez votre boite de réception ou votre répertoire d’indésirables pour confirmer votre abonnement.

Tags: animisme légalbassins versantsbien communcitoyenneté écologiquecrise de l’eaucrise hydriquedroits des rivièresécosystèmes aquatiquesfinancement participatif environnementgestion de l’eaugouvernance de l’eaupaiements pour services environnementauxprotection de la ressource en eaurivières vivantes
Previous Post

PSE et ORE : deux leviers complémentaires pour préserver durablement la ressource en eau

Next Post

Stratégie climatique des entreprises : vers une action structurée, ambitieuse et alignée sur les enjeux du siècle

Next Post
Illustration représentant une entreprise au centre d’un paysage symbolique intégrant des éléments de nature, d’industrie, de données et de collaboration, pour incarner la stratégie climatique à 360°.

Stratégie climatique des entreprises : vers une action structurée, ambitieuse et alignée sur les enjeux du siècle

Rechercher

No Result
View All Result

Derniers articles

  • Stratégie bas carbone : un levier de performance durable pour les PME
  • Open Badges × Passeport Produit : le “label numérique” qui rend la performance environnementale des produits lisible et vérifiable
  • Transition écologique : le coût de l’inaction, les défis du financement et les recommandations de la Cour des comptes
  • ACT Pas à Pas : la méthodologie complète pour construire une stratégie de décarbonation efficace
  • Actions Collectives ACT Pas à Pas : la méthode pour engager vos entreprises dans la décarbonation
Kosmio - L’action collective au service de la transition
  • Tous les articles
  • A propos
  • Politique de Confidentialité du Blog
ME CONTACTER

© 2024 Mathieu Pesin - Consultant en Performance durable chez Kosmio.

No Result
View All Result
  • A propos
  • Accueil
  • Politique de Confidentialité du Blog
  • Tous les articles

© 2024 Mathieu Pesin - Consultant en Performance durable chez Kosmio.