1. Introduction : un engagement collectif pour une construction bas carbone
La transition écologique dans le secteur du bâtiment passe par des choix concrets. En région Sud, le Pacte Biosourcé s’impose comme un outil stratégique pour accélérer l’usage du bois et des matériaux biosourcés dans la construction et la rénovation.
Initiée par Fibois Sud, cette démarche bénéficie du soutien de France Bois Forêt, de la Mission Prescription Bois Français et de l’Adréal PACA. Son objectif est clair : réduire l’empreinte carbone du bâti tout en dynamisant la filière bois régionale.
Le contexte est favorable. Avec la Stratégie Nationale Bas-Carbone et la RE2020, les maîtres d’ouvrage doivent désormais intégrer des solutions bas carbone dans leurs projets. Le Pacte Biosourcé leur offre un cadre précis, chiffré et évolutif pour atteindre ces objectifs.
Au-delà d’un simple dispositif, ce pacte est le fruit d’une construction collective. Il associe maîtres d’ouvrage publics et privés, architectes, promoteurs, bailleurs sociaux et acteurs de la filière bois. L’ambition est double : massifier l’utilisation du bois et des biosourcés, garantir une traçabilité et une qualité environnementale à chaque étape des projets.
En d’autres termes, le Pacte Biosourcé n’est pas seulement une réponse réglementaire : c’est une opportunité de construire autrement, de manière durable et locale.
2. Un contrat régional entre maîtres d’ouvrage et filière forêt-bois
Le Pacte Biosourcé se distingue par son approche contractuelle. Il ne s’agit pas d’une simple charte d’intentions, mais d’un véritable engagement réciproque entre les maîtres d’ouvrage et la filière forêt-bois en région Sud.
Une action collective inédite : Porté par Fibois Sud, le pacte s’inscrit dans une dynamique nationale initiée par Fibois Île-de-France et progressivement déployée dans d’autres régions. Son originalité repose sur la co-construction : les objectifs, ambitions et exigences ont été définis lors de nombreux ateliers organisés en 2024 et 2025.
Des partenaires clés mobilisés : Clubs immobiliers de Marseille-Provence et de la Côte d’Azur, Fédération des promoteurs immobiliers des Alpes, associations régionales HLM, organismes de certification (PEFC, Bois de France, Bois des Alpes), Ordre des architectes, Communes forestières, associations comme Envirobat BDM. Cette pluralité garantit que les engagements répondent aux besoins du terrain tout en respectant les ambitions environnementales de la région.
Une gouvernance partagée : Le pilotage du projet est également collectif. Chaque partenaire apporte son expertise : accompagnement technique, retours d’expérience, outils de suivi, sensibilisation des élus et des professionnels. Cette gouvernance partagée renforce la crédibilité du Pacte et son potentiel de diffusion.
En résumé, le Pacte Biosourcé agit comme un pont entre la filière bois et les maîtres d’ouvrage, transformant une ambition écologique en engagements mesurables et concrets.
3. Les quatre engagements de base pour les signataires
Signer le Pacte Biosourcé, c’est accepter des engagements précis et mesurables. Chaque maître d’ouvrage s’engage sur quatre axes : périmètre, quantité de matériaux, traçabilité et moyens.

Définir un périmètre d’engagement : Chaque signataire choisit un pourcentage de sa surface bâtie qui respectera les critères du Pacte (10 %, 20 % ou 40 %), ou un engagement symbolisé par un niveau de 1 à 3 étoiles. Pour les acteurs débutants, un niveau « Jeune Pousse » permet de tester avec 1 ou 2 opérations pilotes. Durée d’engagement : du 1er juillet 2025 au 31 décembre 2030.
Intégrer une quantité minimale de matériaux biosourcés : Au moins 30 kg de bois et biosourcés/m² de surface bâtie (neuf), avec un garde-fou à 10 kg/m². Équivalence au niveau 1 du Label Bâtiment Biosourcé 2024. En rénovation : extensions >20 m² (critères du neuf), rénovations lourdes <20 m² (au moins 2 éléments biosourcés), rénovations légères (51 % des surfaces isolées en biosourcé).
Garantir la traçabilité des approvisionnements : 70 % de bois certifié PEFC ou FSC et 60 % de bois d’origine française.
Se donner les moyens de réussir : désigner un référent bois, participer aux formations et ateliers, intégrer des compétences bois dans les équipes projet, partager les retours d’expérience, remplir un reporting annuel et contribuer financièrement à l’animation du Pacte.
4. Engagements complémentaires : aller plus loin avec des projets démonstrateurs
Le Pacte Biosourcé ne se limite pas à un socle minimal d’exigences. Il encourage aussi les maîtres d’ouvrage les plus ambitieux à aller plus loin, grâce à une série d’engagements complémentaires.
Démonstrateur « Forêt d’avenir » : intégration d’essences locales peu exploitées (cèdre, pin, cyprès, bois issus d’incendies).
Démonstrateur « Provenance locale » : utilisation de bois certifié Bois des Alpes.
Ressources biosourcées locales : paille de blé, paille de riz, chanvre, canne de Provence, bambou, roseau.
Démarches globales : Bâtiment Durable Méditerranéen (BDM), réemploi du bois, intégration du bois et des biosourcés dans les documents d’urbanisme.
5. Accompagnement et services proposés par la filière
S’engager dans le Pacte Biosourcé ne signifie pas avancer seul. La filière forêt-bois, portée par Fibois Sud et ses partenaires, met en place un accompagnement complet.
Une communauté active : ateliers thématiques, retours d’expérience, conférences techniques, formations spécialisées.
Un appui individuel : conseil technique, mise en relation avec les acteurs locaux, accompagnement sur le bois local et le bois énergie.
Un suivi régulier : tableau de bord des indicateurs (surfaces, quantités, certifications, stock C) et fichier Excel de reporting, utile aussi pour la stratégie RSE.
Une contribution annuelle : modulée selon le type de signataire, avec exonération pour les collectivités déjà adhérentes aux communes forestières.
6. Exemples concrets et ratios de référence
Pour rendre le Pacte Biosourcé plus tangible, plusieurs cas réels illustrent les exigences.
Bâtiment témoin de 900 m² (R+3, 11 logements) :
– Ossature bois + isolation végétale : 70 kg/m²
– Extension 200 m² en CLT : 95 kg/m²
– Bâtiment béton avec charpente bois et parquet : 16 kg/m² ⚠️ (sous le seuil mais > garde-fou)
– Rez-de-chaussée béton + 3 niveaux ossature bois : 24 kg/m² ⚠️
Ces exemples prouvent que des solutions hybrides bois/béton peuvent suffire dès lors que la moyenne globale atteint 30 kg/m² sur l’ensemble des opérations. Une calculette simplifiée aide à estimer les kilos de matériaux biosourcés par m².
7. Calendrier et perspectives : un déploiement jusqu’en 2030
Le Pacte Biosourcé suit une trajectoire claire :
– Décembre 2025 : signature des premiers signataires lors des Rencontres régionales de la filière bois.
– 2026 : lancement opérationnel, premières animations, reporting annuel.
– 2027–2029 : bilans intermédiaires et nouvelles campagnes de signature.
– 31 décembre 2030 : fin de la première période d’engagement et bilan régional.
Ce calendrier s’aligne sur la RE2020 et la Stratégie Nationale Bas-Carbone, offrant aux maîtres d’ouvrage un cadre pour anticiper les obligations climatiques.
8. Conclusion : un levier concret pour bâtir la transition bas carbone
Le Pacte Biosourcé est un outil opérationnel, chiffré et collectif pour transformer la construction en région Sud. Avec des seuils précis (30 kg/m², 70 % de bois certifié, 60 % d’origine française), il aide à réduire l’empreinte carbone tout en soutenant les filières locales.
Au-delà des chiffres, le Pacte crée une communauté d’acteurs engagés – promoteurs, bailleurs, architectes, collectivités – qui massifient l’usage du bois et des biosourcés pour répondre aux défis climatiques et à la RE2020.
Collectivités, promoteurs, architectes : en rejoignant le Pacte, vous valorisez vos projets et contribuez à une construction durable, locale et bas carbone.
Pour aller plus loin :