Le Passeport Numérique de Produit (DPP), proposé par l’Union européenne dans le cadre du règlement Ecodesign for Sustainable Products (ESPR), ambitionne de transformer la durabilité industrielle. Ce dispositif vise une traçabilité complète des produits, tout au long de leur cycle de vie. En particulier, les industries du bois – grumes, copeaux, panneaux MDF, biomasse – sont concernées, avec pour objectif de renforcer l’économie circulaire, la transparence et l’efficacité des ressources.
1. Qu’est-ce que le Passeport Numérique de Produit (DPP) ?
Le DPP est un enregistrement numérique structuré qui renseigne sur l’origine, la composition, l’empreinte environnementale, la réparabilité et la recyclabilité d’un produit. Il accompagne chaque étape du cycle de vie, du producteur au consommateur, en intégrant toutes les transformations du produit (chaque étape étant identifiée par un code GTIN). Cette approche répond à la complexité croissante des chaînes d’approvisionnement, souvent loin d’être linéaires.

2. Pourquoi le DPP est crucial pour les produits bois ?
Le secteur forestier est confronté à des enjeux majeurs : déforestation illégale, surexploitation, faible recyclage. Le DPP permet de lier chaque produit bois à sa source, grâce à un identifiant unique, et assure que seuls les bois issus de forêts durablement gérées intègrent la chaîne de valeur.
Bénéfices sectoriels :
- Papeterie et pâte à papier : vérification des sources durables pour copeaux et grumes.
- Industrie des panneaux (MDF, panneaux de fibres) : suivi précis des composants pour faciliter le recyclage.
- Biomasse énergie : traçabilité complète pour garantir un usage respectueux du climat.

3. Transparence et responsabilité renforcées
Les DPP s’intègrent aux certifications existantes (FSC, PEFC), ajoutant une couche numérique de preuve de durabilité. Ils permettent aussi d’évaluer l’empreinte carbone, la durabilité et la recyclabilité de chaque produit bois.
Résultats attendus :
- Produits sans déforestation, vérifiés par géolocalisation.
- Taux de recyclage accrus grâce au suivi des matériaux.
- Confiance accrue des consommateurs par l’accès aux données.

4. Une architecture numérique robuste
Le système repose sur une infrastructure décentralisée, utilisant des identifiants uniques (QR codes, RFID). Cela garantit une circulation sécurisée des données tout au long de la chaîne.
Éléments techniques clés :
- Protocoles de données : formats standardisés.
- Gestion des accès : confidentialité et sécurité des informations.
- Interopérabilité : compatibilité avec les systèmes existants.
- Mises à jour : chaque modification du produit doit être reflétée dans le DPP.

5. Déploiement progressif et défis
L’UE prévoit un déploiement par étapes : batteries, textiles, bâtiment d’ici 2027 ; produits bois à l’horizon 2030. Mais plusieurs obstacles restent à franchir :
- Harmoniser les données entre secteurs très variés.
- Assurer la compatibilité mondiale, y compris pour les fournisseurs non-européens.
- Réduire les coûts et la complexité pour les PME.

Conclusion : Un levier décisif pour la transition écologique du bois
Le Passeport Numérique de Produit représente une avancée stratégique pour une gestion forestière responsable. En garantissant la traçabilité et en promouvant les bonnes pratiques, il pourrait transformer le secteur, en alliant innovation numérique et durabilité environnementale. Reste à relever le défi de sa mise en œuvre à grande échelle – en particulier pour les acteurs les plus fragiles économiquement.
Article adapté de Digital Product Passports: Driving Sustainability in Forestry and Wood-Based Industries publié par ITTCON UG & Co. KG