Changer les comportements : un impératif aussi évident que complexe
Depuis plusieurs décennies, les alertes scientifiques sur le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité ou la raréfaction des ressources naturelles se multiplient. Les solutions techniques ne manquent pas, les politiques publiques se structurent, et pourtant… les transformations espérées peinent à se concrétiser. Pourquoi ? Parce que changer les comportements humains reste la pièce manquante du puzzle.
Malgré une conscience écologique en progression, les gestes concrets peinent à suivre. Adopter une alimentation plus végétale, renoncer à la voiture pour certains trajets, isoler son logement ou encore réduire les vols aériens : autant de choix qui, sur le papier, semblent accessibles, mais qui rencontrent dans la réalité une résistance bien ancrée.
Le paradoxe est saisissant : nous disposons des connaissances, des outils et parfois même des incitations pour agir, mais nos modes de vie restent globalement inchangés. Ce décalage soulève une question fondamentale : qu’est-ce qui empêche le passage à l’action ?
Ce n’est pas un manque d’information. Ni un défaut de rationalité. En réalité, nos décisions quotidiennes sont influencées par une multitude de facteurs invisibles : émotions, habitudes, normes sociales, contextes culturels, contraintes matérielles… Autant d’obstacles ou de leviers qu’il est urgent de mieux comprendre et de mobiliser.
Car pour réussir la transition écologique, il ne suffit pas de concevoir des politiques publiques. Il faut aussi qu’elles soient acceptées, appropriées et traduites dans les pratiques individuelles et collectives. En d’autres termes, il faut passer de la stratégie à la psychologie, de la technique à la transformation humaine.
Changer les comportements n’est pas un supplément d’âme de la transition. C’est son moteur principal.
1. Comprendre le facteur humain : le parent pauvre des politiques de transition
Pendant longtemps, les politiques de transition écologique ont été pensées selon une logique technocratique : normes, incitations financières, innovations technologiques. Pourtant, un constat s’impose aujourd’hui : sans intégrer le facteur humain, ces politiques peinent à produire des effets à la hauteur des enjeux. Il ne suffit pas d’installer des pistes cyclables ou de subventionner l’achat de pompes à chaleur pour que les pratiques changent.
Un angle mort stratégique
Le facteur humain, cette « variable molle » trop souvent reléguée au second plan, se révèle en réalité décisif. Une étude comparative a montré que plus de 50 % des réductions d’émissions de gaz à effet de serre nécessaires d’ici 2050 reposent sur des changements de comportement (AIE, 2021). Pourtant, très peu de politiques publiques placent ce levier au centre de leur stratégie.
Dans le domaine de la santé, on estime que 90 % des causes de maladies sont liées à l’environnement au sens large, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas génétique. Une proportion comparable peut être appliquée à nos comportements écologiques : nos choix quotidiens sont façonnés par le contexte dans lequel nous vivons, bien plus que par notre volonté individuelle.
Le « bloody Human Factor » devenu « précious »
L’aviation civile offre un exemple frappant. À la fin des années 1970, 75 % des accidents étaient attribués au facteur humain. Plutôt que de le subir, le secteur a su en faire un levier d’amélioration. Grâce à une culture du retour d’expérience (REX) et une refonte des formations, l’aviation est aujourd’hui le moyen de transport le plus sûr au monde, avec moins de 500 morts par an à l’échelle mondiale. Cette transformation montre que changer les comportements n’est pas une utopie, mais un processus structurable et mesurable.
La nécessité d’une approche préventive
Les politiques publiques s’appuient trop souvent sur des leviers dits « palliatifs » : interdictions, sanctions, obligations. Or ces dispositifs, perçus comme contraignants, génèrent souvent de la résistance ou de la défiance. À l’inverse, des approches dites de « prévention primaire », comme l’éducation à l’empathie dès l’école ou le design de choix facilitants (nudges), s’avèrent plus efficaces à long terme.
Par exemple, des classes d’empathie intégrées aux écoles scandinaves ont montré une baisse significative des comportements violents et un engagement plus fort des jeunes dans les projets collectifs – un terrain fertile pour cultiver les comportements pro-environnementaux.
2. Les moteurs du comportement : entre cerveau automatique et volonté contrariée
Changer les comportements ne se décrète pas. Contrairement à une idée reçue, nous ne décidons pas de nos actes uniquement sur la base de la raison. Nos choix sont bien plus souvent dictés par des automatismes, des routines, des émotions ou des normes implicites que par une analyse rationnelle des conséquences.

Deux cerveaux, deux vitesses
Les travaux du prix Nobel Daniel Kahneman ont largement popularisé la distinction entre deux systèmes de pensée :
- Le système 1, rapide, intuitif, automatique, mobilisé dans 90 % de nos actions quotidiennes.
- Le système 2, lent, analytique, mobilisé pour les décisions complexes, mais coûteux en énergie mentale.
Dans la plupart des situations, c’est le système 1 qui pilote nos comportements, y compris ceux à fort impact écologique : achat impulsif, oubli de trier ses déchets, usage réflexe de la voiture… Notre cerveau privilégie la facilité, la familiarité, la récompense immédiate.
Cela explique pourquoi des campagnes de sensibilisation purement informatives produisent peu d’effets concrets. Les faits ne suffisent pas à faire changer les comportements, surtout lorsqu’ils sont en conflit avec nos habitudes ou notre confort.
Quand les émotions prennent le dessus
Les émotions sont des moteurs puissants. Elles influencent nos perceptions du risque, notre capacité d’action et nos arbitrages. L’éco-anxiété, par exemple, touche une part croissante de la population, en particulier les jeunes. Pourtant, cette prise de conscience émotionnelle ne conduit pas automatiquement à l’action.
Face à l’anxiété, deux types de réponses émergent :
- L’action engagée, lorsque l’individu se sent capable d’agir.
- Le déni ou la paralysie, lorsque la peur dépasse le sentiment d’efficacité personnelle.
La clé, ici, réside dans le renforcement du sentiment de compétence et d’utilité. Des expériences locales de type « budget participatif écologique » ont montré que la mise en capacité des citoyens favorise des dynamiques de changement plus durables que l’appel à la culpabilité.
Les normes sociales invisibles
Un autre levier puissant est la norme sociale perçue : ce que je pense que les autres font, ou attendent de moi. Ainsi, une simple mention comme “90 % des clients de cet hôtel réutilisent leur serviette” a conduit à une hausse de 26 % de ce comportement écologique dans des tests en conditions réelles.
Cela souligne que changer les comportements passe aussi par le changement des représentations collectives : ce qui est valorisé, normalisé ou marginalisé dans un groupe.
3. Les types d’interventions comportementales : efficacité, limites, combinaison
Si changer les comportements est essentiel à la réussite de la transition écologique, encore faut-il savoir comment y parvenir concrètement. Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses expérimentations ont été menées pour tester l’efficacité des leviers psychologiques, sociaux et structurels. Le constat est clair : les approches multifactorielle et contextualisée sont les plus efficaces.
Une palette d’outils : des nudges aux politiques publiques

Les interventions comportementales peuvent se regrouper en plusieurs grandes familles :
Les nudges (ou « coup de pouce »)
Inspirés de l’économie comportementale, les nudges modifient subtilement l’environnement de choix pour favoriser des comportements souhaités sans les imposer. Exemples :
- Mettre les fruits à hauteur des yeux dans les cantines : +25 % de consommation
- Messages de type “la majorité de vos voisins trient leurs déchets” : +12 % de tri observé
Efficacité moyenne : de 1 à 10 % d’impact comportemental, selon les contextes
Le feedback personnalisé
Donner à une personne des informations précises sur sa propre consommation (eau, énergie, carburant) avec des comparatifs entre pairs est très efficace.
Exemples :
- En Suède, un feedback sur la consommation d’énergie électrique a permis jusqu’à -15 % en quelques mois
- Des compteurs connectés montrent des gains similaires à court terme, surtout s’ils sont couplés à des conseils pratiques
L’éducation et la communication
Les campagnes de sensibilisation ont un impact limité si elles ne sont pas adaptées aux publics ciblés. Elles sont plus efficaces lorsqu’elles sont :
- Locales
- Narratives (histoires, émotions)
- Ancrées dans des enjeux concrets (santé, bien-être, économie locale)
Les incitations et contraintes économiques
Subventions, primes, taxes, malus : ces leviers peuvent fonctionner, mais leur efficacité dépend fortement :
- Du montant (effet seuil)
- De la cohérence perçue (justice sociale)
- De l’accompagnement proposé
Les politiques systémiques
Les transformations structurelles (aménagements urbains, réglementation, infrastructures) sont indispensables pour pérenniser les changements. Sans alternative crédible, l’individu reste contraint dans ses choix.
Une efficacité contextuelle
L’efficacité d’une intervention dépend :
- Du comportement ciblé (changer de transport vs. réduire sa consommation de viande)
- Du moment de vie (arrivée d’un enfant, déménagement…)
- Du public (classe sociale, niveau d’éducation, rapport à la nature)
Exemple : offrir des coupons de réduction pour remplacer la viande sauvage par du poulet en Amazonie n’a eu d’effet que lorsque des recettes simples ont été proposées. Preuve que les capacités à agir comptent autant que les incitations.
4. Quand la pauvreté rend le changement impossible
On entend souvent que tout le monde peut faire un geste pour la planète. En réalité, cette injonction masque une profonde inégalité face à la capacité d’agir. Car changer les comportements suppose non seulement de le vouloir, mais surtout d’en avoir les moyens, cognitifs, matériels et symboliques.
Une conception biaisée de la lutte contre la pauvreté
Les politiques publiques, y compris les Objectifs de Développement Durable, reposent souvent sur une vision implicite : réduire la pauvreté revient à augmenter le pouvoir d’achat. Or cette approche pose un paradoxe : elle incite à consommer davantage, donc à accroître l’empreinte écologique, alors même que la transition impose de repenser nos modes de vie.
En d’autres termes, le modèle de progrès proposé aux plus précaires reste consumériste, ce qui freine toute transformation systémique vers un “vivre mieux avec moins”.
Trois freins majeurs liés à la pauvreté
- Capacité cognitive réduite
Des études montrent que les situations de précarité génèrent un stress mental constant, qui réduit la concentration, la mémoire et la prise de décision rationnelle. Résultat : les individus en situation de pauvreté sont moins disponibles psychologiquement pour s’engager dans des comportements “long terme” ou complexes (ex. : rénovation thermique, tri des déchets). - Imaginaire aspiratif orienté vers la consommation
Dans de nombreux contextes, la consommation est associée à la réussite sociale, au confort, à la dignité retrouvée. Adopter un mode de vie frugal peut être perçu non pas comme un progrès, mais comme une forme de régression ou de stigmatisation. - Méconnaissance des cibles réelles des politiques
La majorité des études comportementales sont menées sur des populations de classes moyennes ou supérieures, souvent en milieu urbain, avec un certain niveau d’éducation. Les dispositifs conçus sur cette base sont mal calibrés pour toucher les catégories populaires ou rurales, et échouent à produire des effets sur les publics les plus concernés.
Un besoin d’approches différenciées

La réussite de la transition passe par une reconnaissance claire de ces disparités. Cela implique :
- De co-construire les politiques avec les publics concernés
- De prendre en compte les contraintes réelles (logement, transport, budget, fatigue mentale)
- De changer les récits dominants sur le « bon comportement écologique », qui trop souvent culpabilisent sans offrir de solutions réalistes
En France, les 10 % les plus riches émettent en moyenne 5 fois plus de CO₂ que les 10 % les plus pauvres, mais ces derniers sont souvent les plus ciblés par les dispositifs contraignants. Une injustice environnementale et sociale flagrante.
5. L’entreprise, nouveau champ de bataille culturel
On parle souvent des États, des citoyens ou des ONG comme acteurs de la transition, mais l’entreprise est un terrain décisif pour changer les comportements. Car c’est là que s’incarnent au quotidien des choix de production, de consommation, de gestion des ressources… et de rapport au monde.
Des croyances implicites puissantes
Malgré les engagements RSE et les chartes de durabilité, une culture implicite continue de dominer dans de nombreuses organisations : celle du rendement, de l’efficience financière, de la compétition. Elle repose sur une croyance enracinée : « La performance économique prime sur toute autre considération. »
Ce n’est pas une règle écrite, mais un réflexe culturel intégré dans les routines professionnelles, dans les systèmes d’évaluation et de reconnaissance. Résultat : les comportements écoresponsables en entreprise restent marginaux, périphériques ou perçus comme des charges.
Par exemple, un employé peut se sentir mal vu s’il refuse un déplacement en avion pour des raisons écologiques, même si une alternative existe. Le non-dit organisationnel pèse souvent plus que la politique RSE affichée.
Le poids de l’“homo economicus”
Ce modèle de l’“homo economicus” – rationnel, maximisateur, centré sur l’intérêt individuel – structure encore une grande partie des représentations managériales. Il influence :
- Les décisions d’investissement (profit court terme vs. soutenabilité)
- La perception du rôle du salarié (exécutant vs. acteur de transformation)
- La définition même de ce qu’est une “entreprise responsable”
Or ce modèle limite la possibilité d’une transformation systémique : tant que la rentabilité prime sur la résilience, la transition reste cosmétique.
Des alternatives émergent : vers une culture de la modération ?
Des contre-modèles apparaissent cependant, portés par des entrepreneurs qui intègrent d’autres valeurs :

- Modération
- Prudence
- Prise en compte du vivant
- Coopération interhumaine et inter-espèces
Ces entreprises reconfigurent leurs pratiques autour d’une finalité élargie, qui dépasse le profit : contribution à un écosystème, ancrage territorial, sobriété structurelle. Elles montrent qu’il est possible de revoir la culture d’entreprise comme levier de changement.
Pourquoi changer les comportements en entreprise est si complexe ?
- Parce que cela suppose de transformer l’invisible : les normes implicites, les routines, les croyances.
- Parce que cela nécessite un leadership conscient et engagé, capable de questionner les modèles dominants.
- Parce qu’il faut outiller les équipes pour qu’elles puissent agir, innover et coopérer autrement.
Selon plusieurs études, les politiques environnementales les plus efficaces en entreprise sont celles qui s’appuient sur la motivation intrinsèque des salariés et sur des objectifs partagés plutôt que sur des obligations descendantes.
6. Repenser la citoyenneté à l’ère de l’Anthropocène
La transition écologique ne se limite pas à changer les comportements individuels. Elle implique aussi de réinterroger nos appartenances collectives, nos droits et nos responsabilités. Et si nous étions à l’aube d’un nouveau contrat social ? Un contrat où l’humain n’est plus au centre de tout, mais devient un acteur parmi d’autres du vivant.
De la citoyenneté classique à l’éco-citoyenneté
Historiquement, la citoyenneté repose sur un double pilier :
- Des droits garantis par l’État
- Des devoirs envers la collectivité
Mais cette définition reste centrée sur les humains, sans prendre en compte nos interactions avec les écosystèmes. Dans une planète finie, où nos activités modifient le climat, les cycles biologiques et les habitats, cette vision montre ses limites.
D’où l’émergence d’une nouvelle notion : la citoyenneté écologique, ou éco-citoyenneté.
Elle affirme que nous avons aussi des devoirs envers les générations futures, les non-humains (animaux, plantes, micro-organismes), et les écosystèmes dont nous dépendons.
Un changement d’échelle et de logique
Adopter une posture d’éco-citoyen, c’est :
- Sortir de la logique “nature = ressources”
- Intégrer les limites planétaires comme cadre de nos choix collectifs
- Valoriser les interdépendances plutôt que la domination
Cela passe par :
- De nouvelles formes de gouvernance (ex : budget écologique citoyen, reconnaissance des droits de la nature)
- Des institutions capables de représenter les intérêts du vivant non-humain (ex : gardiens des générations futures, parlement des choses)
- Une évolution des systèmes juridiques, fiscaux, éducatifs, pour intérioriser la relation à l’environnement
Un cadre pour structurer les politiques de changement
Cette vision d’une citoyenneté élargie peut devenir un socle pour changer les comportements de façon systémique :
- En élargissant le champ de nos responsabilités (individuelles et collectives)
- En transformant notre rapport au bien commun et à la propriété
- En développant de nouvelles narrations collectives fondées sur la cohabitation plutôt que la compétition
Une enquête internationale menée en 2022 dans 12 pays montre que 68 % des répondants adhèrent à l’idée que la nature devrait avoir des droits juridiques, au même titre que les humains. Un signal faible, mais puissant.
7. Recommandations pour une politique publique fondée sur la science du comportement
Pour réussir la transition écologique, il ne suffit plus de “faire appel à la responsabilité individuelle” ou de multiplier les incitations financières. Il est temps de bâtir des politiques publiques qui intègrent les enseignements des sciences comportementales, afin de faciliter, encourager et consolider des pratiques durables à tous les niveaux.

Voici sept leviers pour construire une stratégie efficace pour changer les comportements :
1. Cibler les bons comportements… au bon moment
Tous les gestes n’ont pas le même impact. Il faut prioriser :
- Les comportements à fort effet levier (chauffage, alimentation, mobilité…)
- Les moments de transition de vie (déménagement, naissance, retraite…), où les routines sont naturellement remises en question
Exemple : accompagner les jeunes parents dans des choix de mobilité douce au moment où ils repensent leur logement ou leurs trajets.
2. Adapter les dispositifs aux publics
Une approche “one size fits all” est vouée à l’échec. Il faut :
- Comprendre les motivations, freins, représentations des différents publics
- Co-construire les politiques avec les usagers concernés
- Intégrer les réalités territoriales et sociales
Exemple : les ménages précaires n’ont pas les mêmes leviers ni les mêmes contraintes que les classes moyennes urbaines. Il faut leur proposer des solutions adaptées, sans surcharger leur quotidien.
3. Utiliser le design comportemental
Repenser l’environnement physique, numérique et social pour rendre les choix durables plus faciles, visibles, valorisés :
- Nudges
- Règles par défaut (ex : options végétariennes par défaut dans les cantines)
- Réduction de la friction au changement
Exemple : remplacer les ampoules classiques par des LED par défaut dans les logements sociaux, avec une économie d’énergie immédiate et sans effort cognitif.
4. Combiner incitations et régulations
Le levier fiscal ne fonctionne qu’en cohérence avec le reste de l’arsenal : infrastructures, alternatives crédibles, équité perçue.
Exemple : une zone à faibles émissions n’est juste et efficace que si des alternatives abordables et accessibles existent (transports publics, vélos, covoiturage).
5. Déployer l’éducation comportementale
Former les agents publics, les enseignants, les professionnels de santé ou de l’entreprise à la lecture des mécanismes comportementaux :
- Motivation intrinsèque vs extrinsèque
- Cognition implicite
- Effet des normes sociales et de l’ancrage culturel
Exemple : intégrer la psychologie comportementale dans les programmes de formation des élus locaux et des urbanistes.
6. Évaluer systématiquement les effets
Mettre en place des indicateurs de suivi comportemental, des expérimentations contrôlées, et des retours d’expérience pour affiner les politiques.
Exemple : comparer les effets de trois dispositifs de tri des déchets selon les quartiers (communication, incitations, nudges) pour choisir le plus efficace.
7. Construire un récit positif du changement
Changer les comportements durablement passe aussi par le récit collectif : une vision désirable, partagée, non culpabilisante du futur.
Exemple : campagnes de communication valorisant la coopération, la sobriété heureuse, le bien-être collectif plutôt que le sacrifice ou la peur.
Conclusion
Changer les comportements : une nécessité systémique, un levier stratégique
Changer les comportements n’est ni une utopie, ni une affaire de volonté individuelle. C’est un processus collectif, ancré dans des dynamiques sociales, émotionnelles, culturelles et structurelles. C’est aussi une condition sine qua non de la réussite de la transition écologique.
Les solutions techniques ne suffisent pas. Les politiques publiques doivent s’appuyer sur une compréhension fine de ce qui motive ou freine l’action humaine. Cela implique de dépasser les approches descendantes ou culpabilisantes, et d’outiller les individus comme les organisations pour agir dans un environnement favorable.
L’enjeu n’est pas simplement d’éduquer ou de convaincre. Il s’agit de reconfigurer les conditions de choix, de rendre les comportements durables plus faciles, plus accessibles, plus valorisants. Et surtout, de créer un récit collectif mobilisateur, où chacun trouve sa place dans un projet de société résilient, juste et désirable.
Pour approfondir ces questions, s’appuyer sur des approches transdisciplinaires et rigoureuses est essentiel. Le rapport du GIECO-IPBC – “Drivers of Behavioral Change and Non Change in Transition Times” – offre une analyse précieuse, nourrie par les sciences cognitives, sociales, économiques et politiques. Il éclaire les mécanismes en jeu et propose des pistes concrètes pour faire de la transformation des comportements un véritable pilier de la transition.