Image en aquarelle d’un livre ouvert, représentant la transition écologique avec des paysages naturels, des technologies vertes et des formes géométriques symbolisant un avenir durable.

Transition : vers un nouveau modèle de société

Le terme « transition » est désormais au cœur des débats sociétaux, s’imposant comme un concept clé pour penser l’avenir face aux défis actuels. Qu’il s’agisse de transition écologique, énergétique ou sociale, ce mot incarne l’idée d’un passage nécessaire d’un modèle économique et social obsolète vers un autre, plus résilient et durable. Il ne s’agit pas simplement de changements superficiels, mais bien d’une transformation profonde de nos modes de vie, de production et de consommation.

Cette nécessité de transition s’explique par l’impact grandissant des crises environnementales et énergétiques que nous traversons. Les limites de nos ressources naturelles se rapprochent dangereusement, les catastrophes climatiques s’intensifient, et les inégalités sociales s’aggravent. Dans ce contexte, les modèles de société actuels, largement basés sur une exploitation massive des ressources et une consommation effrénée, montrent leurs limites. Il devient alors urgent de réinventer nos cadres de fonctionnement collectifs pour répondre aux enjeux du 21e siècle.

L’appropriation du concept de transition par les collectivités locales, et plus largement les territoires, joue un rôle crucial dans cette transformation. En France, la planification écologique, incarnée par des initiatives telles que « France Nation Verte », illustre cette volonté de redéfinir les priorités, de l’énergie à l’aménagement du territoire, en passant par l’emploi et la mobilité. Dans cet article, nous explorerons en détail la notion de transition, son appropriation par les territoires, et comment elle s’inscrit dans un projet global de transformation pour répondre aux défis sociaux, énergétiques et environnementaux actuels.

La transition : une transformation systémique

Définition du concept

Le terme « transition » désigne un passage d’un état stable à un autre, souvent en réponse à des bouleversements ou des crises. Il a été popularisé dans le cadre des défis environnementaux actuels, notamment par Rob Hopkins, fondateur du mouvement des « villes en transition ». Ce mouvement, né dans les années 2000, met en avant l’idée que les communautés locales doivent s’adapter aux contraintes globales, comme la raréfaction des énergies fossiles et les impacts du changement climatique, en réinventant leur façon de fonctionner. Cette approche favorise la résilience locale, l’autonomie énergétique et la réduction de l’empreinte écologique.

La transition écologique et énergétique se concentre particulièrement sur la réduction de la dépendance aux énergies fossiles et la limitation des impacts environnementaux. En effet, les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) sont responsables d’une part majeure des émissions de gaz à effet de serre et, par conséquent, du réchauffement climatique. La transition vise à remplacer ces sources d’énergie par des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique) et à améliorer l’efficacité énergétique pour atteindre un développement durable .

Objectifs de la transition

La transition cherche à dépasser le modèle économique linéaire traditionnel, basé sur une logique d’extraction, de production, de consommation et de déchets. Ce modèle n’est plus soutenable face aux crises écologiques et sociales actuelles. À la place, elle propose un modèle durable fondé sur l’économie circulaire, où les ressources sont réutilisées, et sur la sobriété, c’est-à-dire la réduction de la consommation d’énergie et de matières premières.

Cette transformation est systémique, car elle nécessite des changements à tous les niveaux : économique, social, technologique. Elle ne concerne pas uniquement les entreprises ou les gouvernements, mais aussi les individus et les collectivités locales. Les technologies doivent évoluer vers des solutions plus vertes, les entreprises doivent adopter des pratiques plus responsables, et les citoyens doivent revoir leur mode de vie pour s’inscrire dans ce nouveau paradigme. La transition s’impose donc comme un mouvement global, indispensable pour répondre aux enjeux de notre temps.

L’appropriation de la transition par les territoires

Rôle central des collectivités

Les collectivités territoriales jouent un rôle fondamental dans la réussite de la transition écologique et énergétique. Leur proximité avec les citoyens et les réalités locales leur permet d’agir de manière plus efficace et adaptée aux spécificités de chaque territoire. En tant que moteurs du changement, elles ont la capacité de mettre en œuvre des initiatives concrètes à l’échelle locale, où les actions sont souvent plus visibles et tangibles.

Une expression emblématique de cette dynamique est la mise en place des PCAET (Plans Climat-Air-Énergie Territoriaux), qui définissent des actions spécifiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la qualité de l’air sur les territoires. Ces plans sont souvent accompagnés de la création de réseaux de chaleur renouvelable, qui utilisent des sources d’énergie locales, comme la biomasse ou la géothermie, pour chauffer les bâtiments de manière durable. Les collectivités s’engagent également dans la promotion de la mobilité douce (vélo, transports en commun) pour réduire la dépendance aux véhicules à moteur thermique et ainsi limiter l’impact environnemental des transports.

L’importance d’une planification coordonnée

Pour maximiser l’impact de la transition, une planification coordonnée est essentielle. En France, l’initiative « France Nation Verte » incarne cette volonté de coordonner les efforts à tous les niveaux, des collectivités locales à l’État, afin de structurer une réponse efficace aux enjeux climatiques.

L’objectif central de cette planification écologique est de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), mais elle va au-delà de cet aspect. Elle vise également à améliorer la qualité de vie des citoyens, en promouvant des pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement. De plus, la planification cherche à renforcer la résilience locale, en aidant les territoires à s’adapter aux changements climatiques et à anticiper les crises futures, qu’elles soient liées à l’énergie, à l’eau, ou à d’autres ressources essentielles.

Ainsi, les collectivités, en s’appropriant la transition à travers des actions concrètes et coordonnées, deviennent des acteurs clés pour faire face aux défis environnementaux et énergétiques.

Transition énergétique et écologique : enjeux pour les collectivités

Transition énergétique

La transition énergétique représente une priorité absolue pour les collectivités, dont le rôle est crucial pour réduire la consommation d’énergies fossiles et promouvoir les énergies renouvelables (ENR). Ces dernières sont essentielles pour remplacer le charbon, le gaz ou le pétrole, responsables de la majorité des émissions de CO2. Les collectivités locales s’approprient ce défi par le biais de solutions innovantes, comme les systèmes d’énergie décentralisés, qui permettent de produire de l’énergie localement et de manière durable, en favorisant l’autonomie énergétique des territoires.

La sobriété énergétique est un autre axe fondamental. Elle consiste à diminuer la consommation d’énergie dans les bâtiments publics, l’éclairage urbain et les transports. De nombreuses villes se tournent vers des réseaux de chaleur renouvelable, utilisant des sources locales comme la biomasse ou la géothermie pour chauffer des quartiers entiers. Le développement des ENR, notamment l’éolien et le solaire, continue de se renforcer à l’échelle locale, souvent avec le soutien de politiques nationales et européennes.

Transition écologique

Sur le plan écologique, les collectivités doivent également jouer un rôle dans la gestion durable des ressources naturelles, notamment en matière de réduction des déchets et de gestion des ressources comme l’eau et les terres agricoles. La transition écologique implique une reconfiguration des modes de production et de consommation, en intégrant les principes de l’économie circulaire. Les programmes locaux de recyclage et la promotion de l’agriculture durable visent à limiter l’impact environnemental des territoires.

Les initiatives locales, comme l’introduction de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et la reforestation urbaine, participent à cet effort global. Les collectivités encouragent de plus en plus la création d’espaces verts en milieu urbain pour absorber le CO2, préserver la biodiversité et améliorer la qualité de vie des habitants.

Défis

Cependant, cette transition soulève des défis majeurs. Le premier est d’adapter les infrastructures existantes aux nouvelles exigences environnementales. Cela demande des investissements considérables dans les réseaux d’énergie et les systèmes de gestion des déchets, souvent difficiles à réaliser pour les petites collectivités. De plus, mobiliser les citoyens est essentiel pour assurer le succès de ces politiques. Les collectivités doivent intensifier les efforts de sensibilisation afin d’inciter à des comportements plus durables.

Enfin, il est primordial de trouver un équilibre entre les intérêts économiques et écologiques. Les collectivités doivent concilier le développement économique des territoires et la protection de l’environnement, en veillant à ce que les nouvelles infrastructures vertes soutiennent la création d’emplois et l’attractivité locale. Par ailleurs, des alliances public-privé, ainsi que des partenariats avec les entreprises locales, sont souvent nécessaires pour réussir cette transition tout en limitant les coûts pour les contribuables.

En conclusion, la transition énergétique et écologique des territoires repose sur un engagement fort des collectivités, qui, malgré les défis, sont les mieux placées pour impulser des changements concrets à l’échelle locale.

France Nation Verte : la planification écologique en pratique

Objectifs de « France Nation Verte »

Lancée en 2022, l’initiative France Nation Verte incarne la volonté de la France de structurer sa transition écologique de manière systémique et coordonnée. Elle s’articule autour de six grands axes qui touchent des domaines clés de la vie quotidienne :

  1. Se déplacer : verdir les transports, favoriser les mobilités douces et les infrastructures bas carbone comme le ferroviaire.
  2. Se loger : rénovation énergétique des bâtiments et développement de logements économes en énergie.
  3. Produire : décarboner les industries, soutenir les énergies renouvelables (hydrogène, solaire, nucléaire) et favoriser l’économie circulaire.
  4. Se nourrir : promouvoir une agriculture durable et des pratiques alimentaires plus responsables.
  5. Consommer : encourager une consommation plus durable, notamment via le numérique responsable et des achats publics plus verts.
  6. Préserver les écosystèmes : protéger les ressources en eau, les sols, les forêts et les océans

L’objectif global de France Nation Verte est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, en ligne avec les engagements européens, tout en garantissant une transition « juste » sur le plan économique et social.

Exemples de politiques publiques

Pour concrétiser cette ambition, plusieurs feuilles de route sectorielles ont été définies :

  • Rénovation des logements : La rénovation énergétique de 700 000 logements par an d’ici 2030 est un des piliers du programme, visant à réduire la précarité énergétique et les émissions du secteur résidentiel.
  • Décarbonation industrielle : Des efforts sont engagés pour transformer les processus industriels, comme le remplacement des hauts-fourneaux au charbon par des alternatives plus vertes, notamment l’hydrogène et l’électricité décarbonée
  • Mobilité et transports : En plus des aides à l’achat de véhicules électriques, des projets de leasing à 100 euros par mois devraient permettre d’élargir l’accès aux véhicules propres, soutenant la transition dans le secteur des transports.

Les territoires jouent un rôle central dans cette planification, avec des objectifs spécifiques répartis selon les régions. Par exemple, le Fonds vert de 2 milliards d’euros soutient les projets écologiques des collectivités locales, renforçant ainsi la territorialisation de la transition écologique. Ce fonds finance

Conclusion

En résumé, la transition écologique et énergétique est un processus global qui engage une transformation profonde de nos sociétés à l’échelle locale. Les collectivités, en tant qu’acteurs de proximité, jouent un rôle essentiel dans l’adaptation des territoires face aux défis environnementaux. Qu’il s’agisse de promouvoir les énergies renouvelables, d’améliorer la gestion des ressources naturelles ou de réinventer les infrastructures, la transition est un projet ambitieux qui nécessite des actions coordonnées et une vision à long terme.

Cependant, cette transformation ne concerne pas uniquement les territoires. Tous les acteurs de la société, des citoyens aux entreprises, sont directement impliqués dans ce changement. Alors que les collectivités apportent des solutions locales, les entreprises doivent également repenser leur rôle dans ce nouvel écosystème. Elles sont appelées à redéfinir leur raison d’être, à rendre leurs produits plus durables et à coopérer pour accélérer leur transition. Dans notre prochain article, nous explorerons précisément comment les entreprises s’inscrivent dans cette dynamique de transition et les défis qu’elles rencontrent sur ce chemin vers un modèle plus durable.

Pour en savoir plus, téléchargez mon livre blanc sur les Dispositifs d’Action Collective pour la Transition des Entreprises