Illustration en aquarelle montrant une ville écologique futuriste avec des bâtiments verts, des sources d'énergie renouvelable et une végétation abondante, superposée de formes géométriques, reflétant l'approche systématique du bilan des émissions de gaz à effet de serre.

Maîtriser le changement climatique : Guide pratique pour le Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre et la Transition Écologique

Le changement climatique représente aujourd’hui l’un des défis les plus critiques de notre époque, influençant tous les aspects de la vie sur Terre, des écosystèmes naturels aux activités économiques et sociales. Face à ce défi, la compréhension et la gestion des émissions de gaz à effet de serre (GES) s’imposent comme des étapes cruciales pour toute entité soucieuse de son impact environnemental. Le Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre (BEGES) et le Plan de Transition ne sont pas seulement des exercices réglementaires ou des engagements éthiques ; ils constituent une réponse stratégique et opérationnelle aux exigences climatiques pressantes.

Ce document présente un aperçu détaillé de la formation axée sur le BEGES et la planification de la transition écologique, visant à équiper les individus et les organisations des connaissances et des outils nécessaires pour naviguer dans ce paysage complexe. Cet article est une synthèse de la formation à l’école Polytechnique Executive, dans laquelle nous avons exploré les réalités scientifiques du changement climatique, mis en lumière les risques associés ainsi que les opportunités d’actions correctives et préventives. Nous avons également abordé les méthodologies pour quantifier les émissions de GES, identifié les leviers d’action pour leur réduction, et élaborer des stratégies de transition vers une économie bas carbone, résiliente et durable.

L’urgence climatique appelle à une action collective et informée. En s’équipant d’une compréhension approfondie des mécanismes du changement climatique et des réponses nécessaires, entreprises, gouvernements et individus peuvent contribuer à forger un avenir plus durable. Ce document, reprend donc les principaux enseignements de la formation sur le BEGES et le Plan de Transition, et vise à catalyser cette transformation nécessaire, en offrant une feuille de route pour une action climatique effective et responsable.

Le constat alarmant du changement climatique

Le changement climatique n’est pas une projection lointaine, mais une réalité vécue qui se manifeste par des signes indéniables et des conséquences de plus en plus tangibles à travers le globe. Les données scientifiques, accumulées depuis des décennies, témoignent d’une augmentation alarmante des températures moyennes mondiales, entraînant des phénomènes météorologiques extrêmes, une élévation du niveau des mers et une perturbation significative des écosystèmes.

Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) mettent en lumière une corrélation directe entre les activités humaines, notamment la combustion des énergies fossiles et la déforestation, et l’accélération du réchauffement climatique. Entre 1990 et 2022, plus de mille milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) ont été rejetées dans l’atmosphère, représentant 41% des émissions historiques, ce qui souligne la contribution humaine significative à cette crise.

La biodiversité est en effondrement, les ressources naturelles s’amenuisent à un rythme sans précédent, et la pression anthropique pousse la planète vers de nouveaux seuils écologiques, risquant de provoquer des changements irréversibles. Les scientifiques ont clairement indiqué que pour contenir le réchauffement à des niveaux gérables, il est impératif de limiter l’augmentation des températures mondiales à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels, un objectif qui exige des actions décisives et immédiates.

Face à ce constat alarmant, l’urgence d’agir est palpable. Les fenêtres d’opportunité pour inverser ou atténuer ces tendances sont en train de se fermer rapidement. La prise de conscience grandissante du public et des décideurs est un pas dans la bonne direction, mais elle doit être accompagnée d’actions concrètes et coordonnées à tous les niveaux de la société. La transition vers une économie durable, respectueuse de l’environnement et socialement juste n’est plus une option, mais une nécessité pour garantir la viabilité de notre planète pour les générations présentes et futures.

La double contrainte carbone et ses implications

La double contrainte carbone se réfère à la problématique à deux volets que représente la dépendance mondiale aux combustibles fossiles et les effets conséquents sur le climat en raison des émissions de gaz à effet de serre (GES). D’une part, environ 80% de l’énergie consommée globalement provient de combustibles fossiles, un taux qui témoigne d’une dépendance profonde et structurelle. D’autre part, le dioxyde de carbone (CO2), principal produit de la combustion de ces énergies, constitue l’essentiel des émissions anthropiques de GES, contribuant de manière significative au réchauffement climatique.

La situation actuelle impose une réflexion urgente sur l’amont et l’aval de la chaîne énergétique. En amont, la limitation des stocks fossiles présente un défi majeur en termes d’approvisionnement et de sécurité énergétique. En aval, les implications climatiques de leur utilisation nécessitent une réduction rapide et substantielle des émissions de CO2 pour éviter les conséquences les plus dévastatrices du changement climatique.

Pour contenir l’augmentation des températures mondiales, la communauté internationale s’accorde sur la nécessité de stabiliser la concentration atmosphérique de CO2 à un niveau qui prévienne un réchauffement catastrophique, idéalement en dessous de 450 parties par million (ppm). Cela exige d’initier une décrue des émissions globales de GES le plus rapidement possible et de les réduire de 50 à 70% d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 1990.

La transition énergétique vers des sources renouvelables et moins carbonées apparaît comme une nécessité impérieuse. Cette mutation se doit d’être accompagnée par une révolution dans les modes de consommation, de production et de transport, pour favoriser une économie circulaire, sobre en carbone et respectueuse de l’environnement.

Les implications de cette double contrainte carbone sont vastes et interconnectées, affectant les politiques énergétiques, économiques et environnementales. Elles requièrent une action coordonnée à l’échelle mondiale, impliquant les gouvernements, les industries, et la société civile, pour piloter une transformation profonde et durable des systèmes énergétiques et économiques mondiaux.

La méthodologie du Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre

Le Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre (BEGES) est un outil essentiel pour évaluer de manière exhaustive les émissions de gaz à effet de serre générées par les activités d’une organisation. Cette démarche méthodique sert à identifier, quantifier et prioriser les actions pour réduire l’empreinte carbone. Voici les étapes clés de la méthodologie BEGES :

  1. Définition du périmètre : La première étape consiste à délimiter les frontières du bilan en choisissant les scopes d’émission à inclure. Typiquement, cela comprend les émissions directes (scope 1), les émissions indirectes liées à l’énergie (scope 2) et d’autres émissions indirectes (scope 3), telles que celles liées aux déplacements, aux achats, aux déchets, etc.
  2. Collecte des données : Cette phase implique la récolte des données énergétiques et opérationnelles nécessaires pour calculer les émissions de GES. Cela inclut les consommations d’énergie, les activités de transport, les processus industriels, etc. L’exactitude et la complétude des données recueillies sont cruciales pour assurer la fiabilité du bilan.
  3. Calcul des émissions : En utilisant les données collectées, les émissions de GES sont calculées en appliquant des facteurs d’émission spécifiques à chaque type de source d’énergie ou activité. Ces facteurs sont souvent issus de bases de données nationales ou internationales comme la Base Carbone de l’ADEME en France.
  4. Analyse des résultats : Les résultats obtenus permettent d’identifier les sources principales d’émissions et de comprendre la répartition des GES au sein de l’organisation. Cette analyse aide à déterminer les domaines prioritaires pour les actions de réduction des émissions.
  5. Élaboration d’un plan d’action : À partir des informations recueillies, un plan d’action est développé pour réduire l’empreinte carbone. Ce plan peut inclure des mesures d’efficacité énergétique, le recours aux énergies renouvelables, la modification des processus opérationnels, l’optimisation logistique, etc.
  6. Suivi et rapport : Enfin, le BEGES n’est pas un exercice ponctuel mais un processus continu. Un suivi régulier des émissions est nécessaire pour évaluer les progrès réalisés par rapport aux objectifs fixés, et les résultats doivent être communiqués aux parties prenantes concernées.

En synthèse, la méthodologie du BEGES fournit un cadre pour comprendre et gérer les émissions de GES d’une organisation, favorisant ainsi la mise en œuvre de stratégies efficaces pour une transition vers la durabilité.

Du diagnostic à l’action : élaboration d’un plan de transition

Après avoir réalisé un diagnostic précis à travers le Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre (BEGES), l’étape suivante est l’élaboration d’un plan de transition visant à réduire les émissions identifiées et à adapter l’organisation aux défis du changement climatique. Cette démarche stratégique s’articule autour de plusieurs axes principaux :

  1. Définition des objectifs de réduction : Basé sur les résultats du BEGES, l’organisation doit fixer des objectifs clairs et mesurables de réduction des émissions de GES, alignés avec les accords internationaux comme l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable. Ces objectifs peuvent être à court, moyen et long terme.
  2. Identification des leviers d’action : L’analyse des sources d’émissions permet d’identifier les domaines où des réductions sont possibles et nécessaires. Cela peut inclure l’optimisation des processus énergétiques, l’intégration des énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité des transports, la gestion durable des ressources et des déchets, et l’éco-conception des produits et services.
  3. Planification des actions : Pour chaque levier identifié, des actions spécifiques doivent être planifiées, détaillant les ressources nécessaires, les échéances, les responsabilités et les indicateurs de suivi. Cela peut impliquer des investissements en capital, des formations, des changements organisationnels ou technologiques.
  4. Mise en œuvre et gestion du changement : La transition vers une réduction significative des émissions nécessite une gestion du changement efficace au sein de l’organisation, impliquant une communication claire, l’engagement des parties prenantes et un leadership fort pour piloter les initiatives de décarbonation.
  5. Suivi, mesure et reporting : Un système de suivi doit être mis en place pour mesurer les progrès réalisés vers les objectifs fixés, permettant d’ajuster les actions en fonction des résultats obtenus. Le reporting régulier, interne et externe, assure la transparence et peut contribuer à valoriser les efforts de l’organisation en matière de durabilité.
  6. Adaptation et résilience : En plus de réduire les émissions, le plan de transition doit intégrer des stratégies pour augmenter la résilience de l’organisation face aux impacts du changement climatique, y compris les risques physiques et les changements réglementaires ou de marché.

En résumé, l’élaboration d’un plan de transition après le diagnostic BEGES est une étape cruciale qui traduit l’engagement environnemental en actions concrètes et structurées. Ce processus dynamique et évolutif permet aux organisations de contribuer activement à la lutte contre le changement climatique tout en se positionnant stratégiquement dans une économie bas carbone.

Évaluer et communiquer la stratégie de décarbonation

Une fois le plan de transition en place, l’évaluation continue de sa mise en œuvre et une communication efficace des progrès et des réussites sont essentielles pour maintenir l’élan, garantir la transparence et renforcer la crédibilité de l’organisation. Voici les démarches à suivre pour évaluer et communiquer efficacement la stratégie de décarbonation :

  1. Mise en place d’indicateurs de performance : Des indicateurs de performance clés (KPIs) doivent être définis pour suivre l’avancement des différentes actions de réduction des émissions de GES. Ces indicateurs aideront à mesurer les progrès réalisés vers les objectifs fixés et à identifier les domaines nécessitant des ajustements.
  2. Évaluation régulière des résultats : Un processus d’évaluation régulier permet de vérifier l’efficacité des mesures de décarbonation mises en place. Cette évaluation doit être effectuée à des intervalles définis, en utilisant les données collectées pour comparer les résultats actuels avec les objectifs de réduction des émissions.
  3. Audit et revue externe : Pour assurer l’objectivité et la véracité des informations, il est recommandé de procéder à des audits et des revues par des tiers indépendants. Ces évaluations externes peuvent apporter une validation crédible des efforts de décarbonation de l’organisation.
  4. Communication transparente et responsable : La stratégie de décarbonation et ses résultats doivent être communiqués de manière claire et transparente aux parties prenantes internes et externes. Cela comprend la publication de rapports environnementaux, la mise à jour des politiques de durabilité et la participation à des initiatives climatiques reconnues.
  5. Valorisation des succès et apprentissage des échecs : Les réussites doivent être valorisées et partagées comme des études de cas inspirantes, tandis que les échecs ou les leçons apprises doivent être analysés pour améliorer les stratégies futures.
  6. Engagement des parties prenantes : La communication doit également servir à engager et mobiliser les différentes parties prenantes, y compris les employés, les clients, les fournisseurs, les investisseurs et la communauté locale, en les impliquant dans les initiatives de durabilité et en les encourageant à contribuer à l’effort collectif de réduction des émissions.

En conclusion, évaluer et communiquer efficacement la stratégie de décarbonation ne se limite pas à rendre compte des progrès, mais joue un rôle crucial dans l’ancrage de la durabilité au cœur de l’organisation, en renforçant son image, en fidélisant ses parties prenantes et en contribuant de manière significative à la lutte contre le changement climatique.

Réglementation et cadre légal

La prise de conscience croissante des enjeux climatiques a conduit à l’élaboration et à l’adoption de cadres réglementaires et légaux visant à encadrer et stimuler les efforts de décarbonation des organisations. Ces réglementations, souvent à l’échelle nationale et internationale, jouent un rôle fondamental dans la structuration des politiques de transition écologique.

  1. Accords internationaux : L’Accord de Paris sur le climat, signé en 2015, est l’un des piliers de la réglementation internationale visant à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Cet accord incite les pays à définir et à actualiser régulièrement leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) pour réduire leurs émissions de GES.
  2. Cadres réglementaires nationaux : Les pays ont développé leurs propres cadres légaux pour concrétiser les engagements pris au niveau international. Par exemple, la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte en France ou le Climate Change Act au Royaume-Uni établissent des objectifs de réduction des émissions, encouragent les énergies renouvelables et mettent en place des mécanismes de suivi et de rapport des émissions.
  3. Obligations de reporting : Plusieurs réglementations, comme le GHG Protocol ou les directives de l’Union Européenne, imposent aux entreprises de calculer et de rapporter leurs émissions de GES. Ces obligations visent à améliorer la transparence, à encourager les actions de réduction des émissions et à faciliter l’évaluation des progrès vers les objectifs climatiques.
  4. Incentives et sanctions : Pour favoriser la transition écologique, les gouvernements mettent en place des mécanismes d’incitation tels que des subventions, des crédits d’impôt, ou des systèmes d’échange de quotas d’émission. À l’inverse, des sanctions peuvent être appliquées en cas de non-respect des normes environnementales ou de dépassement des quotas d’émissions.
  5. Évolutions et tendances : La réglementation en matière de climat et d’énergie est en constante évolution, répondant aux progrès scientifiques et aux pressions sociétales. Les organisations doivent donc rester informées des dernières tendances législatives pour anticiper et intégrer les changements réglementaires dans leurs stratégies de décarbonation.

En somme, la réglementation et le cadre légal constituent des leviers essentiels pour orienter et accélérer les actions des organisations en matière de décarbonation. Comprendre et se conformer à ces exigences légales est crucial pour réussir la transition vers une économie bas carbone et résiliente face aux changements climatiques.

Conclusion

L’urgence climatique actuelle nécessite une mobilisation et une action immédiates de toutes les parties de la société. Le Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre (BEGES) et le Plan de Transition sont des outils cruciaux qui permettent aux organisations de comprendre, de quantifier et de réduire leurs impacts environnementaux. Le parcours du diagnostic à l’action, soutenu par une méthodologie robuste et des cadres réglementaires évolutifs, pave la voie pour une transformation durable et une intégration réussie des principes de durabilité.

La formation sur le BEGES et le Plan de Transition éclaire les chemins complexes mais essentiels de la décarbonation, offrant une perspective et des connaissances nécessaires pour faire face aux défis climatiques. Les organisations, armées de cette compréhension, sont mieux préparées à mettre en œuvre des stratégies efficaces pour réduire leur empreinte carbone et à contribuer positivement à la lutte mondiale contre le changement climatique.

Alors que les fenêtres d’opportunité pour agir se rétrécissent, il est impératif que chaque entité, grande ou petite, s’engage activement dans ce processus de transformation. L’engagement dans la réduction des émissions de GES et la mise en œuvre de pratiques durables doit être perçu non seulement comme une responsabilité mais aussi comme une opportunité d’innovation et de leadership dans un monde en rapide évolution.

En conclusion, la transition écologique est un voyage complexe nécessitant une approche intégrée, où le BEGES et le Plan de Transition jouent un rôle central. Ces démarches sont indispensables pour naviguer dans l’ère du changement climatique, permettant de construire un avenir durable où l’équilibre entre les besoins économiques, environnementaux et sociaux est réalisé, garantissant la prospérité pour les générations actuelles et futures.