Dans un contexte où l’urgence écologique impose des transformations profondes, les entreprises sont en première ligne pour contribuer à la transition verte. Cependant, réussir cette mutation nécessite une approche collective et structurée. C’est ici que le dialogue social s’impose comme un levier clé, permettant de concilier enjeux environnementaux, sociaux et économiques.
Le colloque « Le dialogue social, accélérateur de la transition écologique« , organisé en juin 2024, a réuni 255 participants – entreprises, syndicats, ONG et pouvoirs publics – pour réfléchir ensemble à ces défis. Les chiffres sont éloquents : d’ici 2030, plus de 2,8 millions de personnes devront être formées pour répondre aux besoins de cette transition.
Alors, comment le dialogue social peut-il accompagner ces changements et permettre aux entreprises de relever les défis climatiques tout en valorisant leurs salariés ?
« 3 clés pour réussir votre transition écologique grâce au dialogue social »
- Former et outiller les acteurs (CSE, RH, managers).
- Territorialiser les approches pour mieux répondre aux besoins locaux.
- Valoriser les entreprises qui intègrent des pratiques durables et inclusives.
I. Le rôle central du dialogue social dans la transition écologique
1. Un outil de co-construction
Le dialogue social permet de réunir tous les acteurs autour d’une table : directions RH, CSE, syndicats, ONG et même collectivités locales. Ensemble, ils peuvent co-construire des diagnostics partagés et élaborer des trajectoires adaptées à la transition écologique.
Cela passe par l’écoute et la participation des salariés, qui, bien embarqués, deviennent de véritables moteurs du changement. Par exemple, des initiatives comme les Sentinelles vertes (CFDT) ou Les Collectifs démontrent comment des mobilisations internes peuvent accélérer la transformation.
2. Les bénéfices attendus
- Anticiper les besoins en compétences pour éviter une pénurie dans les secteurs clés (énergie, bâtiment, agriculture).
- Accompagner les transformations des métiers grâce à des formations ciblées.
- Valoriser les efforts collectifs via une reconnaissance dans les négociations de branches.
II. Les défis clés à relever dans les entreprises
1. Adapter les conditions de travail au changement climatique
Les événements climatiques extrêmes, comme les canicules, posent de nouveaux défis. Seulement 26 % des DRH déclarent avoir adapté les conditions de travail face à ces risques. Pourtant, des mesures simples comme des horaires flexibles ou des équipements spécifiques peuvent prévenir les conséquences sur la santé des salariés.
Exemple inspirant : le secteur du BTP, qui a intégré la canicule dans son dispositif intempéries dès 2024.
2. Former pour transformer
Pour répondre aux défis de demain, la formation est essentielle. La plateforme GreenRH d’Axa Climate propose une approche innovante en sensibilisant les RH aux enjeux environnementaux, tout en leur offrant des outils concrets pour agir.
Chiffre clé : 2,8 millions de personnes devront être formées d’ici 2030, principalement dans les métiers « verts » et « verdissants ».
3. Répondre aux tensions sur les métiers de la transition écologique
Certaines compétences, comme celles liées à l’électromécanique ou à la gestion des données, sont déjà en tension. Parallèlement, des métiers souffrent encore d’un manque d’attractivité en raison de la pénibilité ou de préjugés culturels.
III. Les stratégies gagnantes pour une transition réussie
1. Favoriser la diversité et l’inclusion
Inclure des talents issus de zones rurales ou populaires, ou encore miser sur la féminisation des métiers, sont des leviers puissants. La fondation Mozaik RH, par exemple, travaille à déconstruire les imaginaires liés aux métiers de la transition.
2. Renforcer les pratiques RH pour élargir le recrutement
Les recruteurs doivent évoluer : intégrer les « soft skills », adapter leur langage et revisiter leurs processus pour inclure des profils diversifiés. Cela implique aussi une meilleure formation des managers pour intégrer ces nouveaux talents.
3. Valoriser les entreprises exemplaires
Les efforts des entreprises doivent être reconnus, que ce soit par des incitations fiscales ou des labels. Promouvoir une transition juste, comme le prône la CFDT, aide à limiter les impacts sociaux tout en favorisant l’inclusion.
IV. La territorialisation : clé d’un dialogue social efficace
La transition écologique ne peut être uniforme : chaque territoire a ses spécificités. Les COP territoriales ou encore les Pactes régionaux pour l’emploi permettent d’adapter les stratégies à l’échelle locale.
Exemple : la ville de Grenoble, qui expérimente des transformations dans les métiers de jardinier en lien avec les objectifs climatiques locaux.
Conclusion
Le dialogue social est un catalyseur indispensable pour transformer les entreprises tout en intégrant les enjeux écologiques et sociaux. Il permet de fédérer les acteurs autour d’un projet commun, d’anticiper les défis et de construire des solutions durables.
En s’appuyant sur des initiatives comme celles présentées au colloque, les entreprises et leurs partenaires peuvent non seulement réussir leur transition écologique, mais aussi devenir des modèles de durabilité et d’innovation sociale.
Pour aller plus loin :
https://www.epe-asso.org/dialogue-social-accelerateur-transition-ecologique