Comment structurer une Mesure d’Impact fiable, utile et reconnue ? Cet article propose une synthèse des enseignements de 6 conférences du Sommet de la Mesure d’Impact 2025, à travers 6 leviers clés :
- poser un cadre méthodologique commun (intentionnalité, additionnalité, mesurabilité),
- aligner finance à impact et réglementation (CSRD, AMF),
- fiabiliser la donnée et automatiser les reportings,
- mesurer les effets territoriaux concrets d’une action,
- financer des projets innovants par des contrats à impact,
- mobiliser les récits et les imaginaires pour passer à l’échelle.
Vous découvrirez aussi les outils, référentiels et plateformes qui facilitent la collecte, l’analyse et le pilotage de l’impact environnemental, social et économique à toutes les échelles. Au final un mini-guide pour les entreprises, collectivités, investisseurs et porteurs de projets engagés dans la transition et qui veulent en savoir plus sur la mesure d’impact.
Pourquoi structurer la Mesure d’Impact est devenu essentiel
Alors que la transition écologique, sociale et économique s’accélère, une exigence traverse tous les secteurs : mesurer l’impact réel des actions entreprises. Des politiques publiques aux portefeuilles d’investissement, en passant par les projets territoriaux ou les modèles d’affaires des entreprises, la Mesure d’Impact s’impose comme un nouveau langage commun, indispensable pour guider, crédibiliser et financer les transformations.
C’est dans cet esprit que s’est tenu le Sommet de la Mesure d’Impact, le 16 mai 2025, au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Un événement rassemblant régulateurs, investisseurs, entrepreneurs, collectivités, chercheurs et acteurs de l’ESS autour d’une ambition partagée : faire converger les approches et construire une méthode robuste pour mesurer ce qui compte vraiment.
Car si l’impact est aujourd’hui sur toutes les lèvres, sa définition reste trop souvent floue. Or, sans une mesure claire, normalisée, vérifiable, impossible d’évaluer l’efficacité d’un projet, d’orienter les financements ou de mobiliser les parties prenantes.
Ce que ce sommet a montré avec force, c’est que la Mesure d’Impact ne peut plus être une option. Elle est devenue une condition sine qua non pour structurer un capitalisme plus conscient, des politiques publiques plus efficaces, et des modèles économiques régénératifs. Mais encore faut-il s’accorder sur les fondamentaux, mutualiser les référentiels, et rendre cette mesure opérationnelle.
Voici les 6 grands enseignements du Sommet qui tracent la voie vers une Mesure d’Impact partagée, exigeante, et réellement transformatrice.
I. Définir pour agir : les trois piliers fondamentaux de la Mesure d’Impact
Avant de structurer des tableaux de bord, d’agréger des indicateurs ou de publier des rapports, encore faut-il s’accorder sur ce que l’on entend réellement par « impact ». C’est la première leçon du Sommet de la Mesure d’Impact : sans fondation conceptuelle solide, toute tentative de quantification est vouée à l’échec, ou pire, au greenwashing.
Heureusement, un consensus émerge, largement partagé par les institutions financières, les agences publiques et les évaluateurs indépendants : un impact digne de ce nom repose sur trois piliers structurants :

1. Intentionnalité : vouloir transformer
Un projet à impact ne se juge pas uniquement sur ses effets collatéraux. Il doit porter en lui une volonté explicite de générer un changement positif — social, environnemental ou sociétal. Cette intention doit être formulée dès l’amont, traduite dans la stratégie, les processus de décision et les critères d’investissement.
C’est ce que rappelle la Charte de la Finance à Impact publiée par l’Institut de la Finance Durable : l’intentionnalité n’est pas un supplément d’âme, mais le point de départ de toute Mesure d’Impact crédible.
2. Additionnalité : faire la différence
Mesurer l’impact, c’est aussi prouver qu’il n’aurait pas eu lieu sans l’action entreprise. C’est le principe d’additionnalité : distinguer l’effet propre d’un projet par rapport à une trajectoire « business as usual ».
Ce critère est particulièrement crucial dans la finance : acheter des actions sur le marché secondaire ne garantit en rien un impact réel. C’est pourquoi les investisseurs à impact doivent démontrer qu’ils apportent un levier spécifique (expertise, réseau, capital patient, etc.) permettant d’aller plus loin, plus vite ou plus juste.
3. Mesurabilité : produire la preuve
Le dernier pilier — et non des moindres — concerne la capacité à quantifier l’impact généré. Cela implique de définir des indicateurs précis, de les collecter rigoureusement, et de faire vérifier les résultats par un tiers indépendant. C’est la seule manière de construire une Mesure d’Impact robuste, opposable et pilotable.
À ce titre, les travaux de l’AMF, les standards de la CSRD, les plateformes comme Zei ou les méthodologies d’évaluation de l’ESSEC (Labo E&MISE) convergent vers une exigence commune : rendre l’impact observable, traçable et auditable.
Pourquoi ces trois piliers sont-ils essentiels ?
Parce qu’ils permettent d’éviter les dérives. Trop d’acteurs revendiquent un « impact » sans en démontrer les conditions. En posant un cadre commun, ces piliers permettent de distinguer les initiatives sincères des approches opportunistes, et de garantir que la Mesure d’Impact reste une démarche structurante, pas un simple habillage narratif.
II. Apprentissages : 6 clés pour renforcer la Mesure d’Impact
Au fil des interventions, une conviction se renforce : nous entrons dans une nouvelle phase. Fini le temps de l’expérimentation isolée ou du volontarisme symbolique. La Mesure d’Impact devient une infrastructure stratégique, un socle partagé qui oriente les décisions économiques, financières et politiques.
Voici mes 6 apprentissages majeurs du Sommet de la Mesure d’Impact 2025, issu des 6 conférences auxquelles j’ai pu assister. Chacune illustre une facette de la transformation en cours sur des thématiques qui me sont chères.

1. La finance à impact : un cran au-dessus de l’ESG
La finance à impact n’est pas une simple déclinaison renforcée de la finance durable. Elle repose sur des engagements plus exigeants, une Mesure d’Impact rigoureuse, et une intention explicite de générer un changement positif.
Le tournant du cadre commun
La grande nouveauté ? L’émergence d’un référentiel partagé, fruit du travail collectif mené par l’Institut de la Finance Durable, France Assureurs et les principales sociétés de gestion.

Une grille de 34 questions évalue les pratiques des fonds d’investissement selon les trois piliers fondateurs : intentionnalité, additionnalité, mesurabilité. Pour être reconnu comme « à impact », un fonds doit obtenir au moins 60 points et fournir des preuves tangibles d’impact.
Un appui réglementaire croissant
L’Autorité des marchés financiers (AMF) renforce également la doctrine : depuis 2024, toute mention « impact » dans le nom d’un fonds impose :
- 80 % d’actifs réellement alignés avec les engagements annoncés,
- des politiques d’exclusion (énergies fossiles, armes, tabac…),
- la démonstration explicite d’additionnalité.
Des limites structurelles à lever
Mais la finance à impact reste freinée par plusieurs obstacles :
- Taille des fonds : souvent trop petits pour les investisseurs institutionnels,
- Manque d’harmonisation européenne : absence de définition légale de la finance à impact au niveau de l’UE,
- Mesure d’impact complexe en marché secondaire : difficile de prouver son effet sur des actions cotées.
Des perspectives ouvertes
Pour aller plus loin, les acteurs misent sur :
- le développement de labels sectoriels (ex : FAIR pour la finance solidaire),
- la diversification des classes d’actifs (dette, infrastructures, fonds hybrides),
- l’intégration systématique de la Mesure d’Impact dans les stratégies d’investissement grand public.
Ce chantier est structurant : sans finance crédible et outillée, la transition ne passera jamais à l’échelle.
2. Structurer les données + simplifier la mesure = créer la confiance
Si la Mesure d’Impact repose sur des principes solides, elle ne devient opérationnelle qu’à une condition : disposer de données fiables, comparables et partagées. C’est le deuxième grand levier évoqué au Sommet : sans structuration rigoureuse des données, pas de pilotage, pas de preuve, et pas de confiance.

L’explosion des référentiels : un défi d’harmonisation
Avec l’entrée en vigueur progressive de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), les entreprises européennes devront bientôt publier des indicateurs sur plus de 1 200 points de données environnementaux, sociaux et de gouvernance, selon les normes ESRS. Ajoutez à cela les référentiels B Corp, Bilan Carbone, ISO 26000, GRI, et vous obtenez un paysage fragmenté et complexe.
Vers des plateformes unificatrices
Certains acteurs du digital proposent de résoudre ce casse-tête en centralisant tous les référentiels d’impact dans une interface unique. Les plateformes permettent aux entreprises de :
- croiser les exigences (CSRD, SFDR, B Corp, etc.),
- automatiser la collecte,
- visualiser leurs progrès,
- générer des rapports standardisés.
Exemple : Un acteur comme Zei annonce une division par 4 du temps de production de rapports extra-financiers pour ses utilisateurs.
Des indicateurs plus lisibles pour le citoyen
Helios, néobanque à impact, va plus loin : elle publie la liste complète des projets financés, exclut totalement les énergies fossiles et mesure son intensité carbone à 100 tCO₂€ / M€ investi (contre 500 à 600 pour les banques traditionnelles et sur une autre table ronde, le crédit coopératif annonçais être aux alentours de 300).
La Mesure de l’indicateur € / M€ investi à l’air de s’imposer comme un levier de transparence auprès des clients, un outil de distinction stratégique, et un critère d’allocation d’épargne.
Au-delà du carbone : élargir la maille d’évaluation
SWEN Capital Partners utilise l’indicateur NEC (Net Environmental Contribution) pour évaluer la contribution environnementale nette d’un projet, y compris sur des enjeux comme la biodiversité, les océans, ou l’agriculture régénérative. C’est un moyen de dépasser la seule logique carbone pour intégrer d’autres dimensions critiques.
Interopérabilité & open data : la prochaine étape
L’Union européenne prévoit la mise en ligne en 2027 d’une plateforme open source de données CSRD, destinée à permettre :
- la comparaison entre entreprises,
- la standardisation des indicateurs,
- l’intégration automatisée dans les outils tiers (via API).
En résumé :
- La structuration des données est la clé pour fiabiliser la Mesure d’Impact.
- Elle doit s’appuyer sur des outils numériques ouverts, des référentiels harmonisés et des pratiques partagées.
- C’est aussi un levier de démocratisation de l’impact, pour permettre à tous – entreprises, investisseurs, citoyens – d’y accéder et d’y contribuer.
3. L’impact territorial : la Mesure d’Impact commence sur le terrain
La transition ne se joue pas uniquement dans les bilans financiers ou les stratégies RSE. Elle se matérialise dans les territoires, au contact des habitants, des infrastructures, des écosystèmes locaux. C’est ce qu’a brillamment démontré la session du Sommet dédiée aux méthodologies d’évaluation territoriale.
Deux cas concrets, deux approches complémentaires : Keolis & Rivalen

Keolis : mesurer la qualité de vie grâce à la donnée publique
Antonia Höög (Keolis) a présenté une démarche pionnière de Mesure d’Impact territorial centrée sur un objectif : améliorer la qualité de vie dans les villes.
La méthode :
- Partir de la raison d’être de l’entreprise : améliorer l’accessibilité et la mobilité.
- Construire un référentiel basé sur les critères de l’OMS et de l’INSEE : santé, état psychologique, autonomie, relations sociales, accès à l’environnement.
- Utiliser exclusivement des données open data (métropole, ministère, INSEE) pour produire des indicateurs concrets.
Exemples d’indicateurs :
- % de population à moins de 20 minutes d’un établissement de santé en transport public.
- Accessibilité des arrêts pour les personnes en situation de handicap.
- Écarts entre quartiers populaires et zones favorisées.
Résultat : la Mesure d’Impact permet à Keolis de dialoguer avec les collectivités, de motiver ses collaborateurs et de justifier l’usage de fonds publics à travers des résultats objectivés.
Rivalen : objectiver l’impact économique local de l’industrie

Tristan De Witte (Rivalen) et Florent Levavasseur (Utopies) ont exposé une approche basée sur le modèle Local Footprint®, développé pour mesurer les retombées économiques d’une production locale.
Contexte : Rivalen, fabricant français d’éclairage, souhaitait prouver que produire en France crée plus de valeur qu’importer.
Méthodologie :
- Collecte des données économiques : achats, salaires, impôts, fournisseurs.
- Analyse comparative entre fabricants locaux, assembleurs et importateurs.
- Utilisation d’un référentiel commun pour toute une filière (éclairage).
Résultats :
- 1 € dépensé dans un luminaire français → 3 € de PIB local généré.
- 85 % des achats faits en France (vs 13 % pour les importateurs).
- 43 % d’activités réellement productives dans le tissu local (vs 5 %).
Enjeu stratégique : démontrer que les achats publics responsables peuvent avoir un effet démultiplicateur sur la résilience des territoires.
Ce que ces cas nous enseignent
- La Mesure d’Impact locale permet de se différencier dans un marché où les indicateurs classiques (emplois, taxes) ne suffisent plus.
- Elle donne un pouvoir de décision éclairée aux collectivités et renforce la légitimité des entreprises.
- Elle repose sur des données ouvertes, des référentiels partagés et une dynamique collective — conditions indispensables pour en faire un levier systémique.
4. Développement économique et transition : des passerelles se créent
La Mesure d’Impact n’est pas seulement un outil d’évaluation ou de reporting : elle devient un levier de transformation collective, capable d’unifier les politiques économiques, sociales et environnementales à l’échelle des territoires.
Au Sommet, plusieurs témoignages ont montré comment les agences de développement évoluent vers des structures hybrides, plus systémiques, intégrant des référentiels d’impact dans leurs outils quotidiens.
Une nouvelle génération d’agences de développement

Mathieu Dejouy (CNER) a présenté des agences territoriales « nouvelle génération », qui ne se contentent plus d’attirer des entreprises, mais accompagnent aussi leur transition écologique et industrielle.
Missions élargies :
- Sensibilisation locale (événements, animations).
- Mise en relation entre entreprises et acteurs publics.
- Conseil technique (bilan CO₂, récupération de chaleur fatale, relocalisation industrielle…).
Exemple : L’Agence de Développement et de Transition du bassin montpelliérain, réunissant 10 intercommunalités, mobilise ingénieurs, géologues, et experts énergie pour adresser des défis très concrets à l’échelle locale.
Des outils pour structurer la Mesure d’Impact territoriale
Plusieurs territoires expérimentent de nouvelles grilles d’évaluation, comme à Bonlieu Éco (région lyonnaise), qui a développé un « Nutriscore du développement économique« , intégrant :
- des critères sociaux,
- environnementaux,
- et coopératifs.
Objectif : encourager les entreprises à progresser en matière d’ancrage local et de durabilité, même si l’accompagnement reste universel.
À l’échelle nationale, le CNER et s’appuyant sur le livrable du groupe de travail vise à produire une grille partagée de Mesure d’Impact, qui sera dévoilée lors du Forum national des agences de développement à Montpellier en novembre 2025.
Le capital-investissement territorial se mobilise
Laëtitia Challan Belval (NextStage) a souligné que l’impact économique ne peut se faire sans capital patient et ancré : 50 % des entreprises financées par NextStage sont situées hors Île-de-France.

Trois effets mesurés sur le portefeuille :
- Croissance du chiffre d’affaires : +26 % en 2024.
- Amélioration des marges.
- Réduction de l’endettement.
Exemple : Adopte Parfums a relocalisé la filière iris en Provence, avec des impacts positifs sur la biodiversité, les savoir-faire agricoles, et la souveraineté économique.
Dialogue banque–entreprise : vers une Mesure d’Impact relationnelle
Valérie Vitton (Crédit Coopératif) a partagé une pratique innovante : des entretiens ESG structurés avec les clients lors de l’octroi de crédit. Loin d’exclure, la banque coopérative utilise la Mesure d’Impact comme levier d’accompagnement, pour faire progresser même les structures les moins matures.
En résumé
- Une nouvelle ingénierie territoriale se met en place, où la Mesure d’Impact structure les priorités d’action.
- Les outils se construisent en cohérence avec les réalités locales, mais visent à converger vers des référentiels communs.
- La collaboration entre finance, développement économique, ESS et collectivités ouvre la voie à une gouvernance de la transition fondée sur la preuve.
5. Le contrat à impact : un outil unique pour financer l’innovation sociale
Si la Mesure d’Impact est souvent perçue comme un outil de suivi, elle peut aussi devenir la clé de voûte d’un modèle de financement entièrement nouveau. C’est le cas du contrat à impact, qui lie directement le versement de financements publics à la réussite mesurée d’un projet social ou environnemental.
Un mécanisme fondé sur l’impact prouvé
Inspiré des « social impact bonds » britanniques, le contrat à impact repose sur une architecture à quatre parties :

- Un porteur de projet (association, entreprise sociale…),
- Un investisseur privé qui avance les fonds,
- Un évaluateur indépendant chargé de mesurer l’impact,
- Un payeur public qui ne rembourse que si les résultats sont atteints.
Ce système repose entièrement sur la Mesure d’Impact : si les indicateurs prédéfinis ne sont pas atteints, les fonds ne sont pas remboursés.
Retour d’expérience : Comme les Autres & Improve
Noémie Elkaïm (Comme les Autres), Anne-Laure Hernandez (Improve), et Elise Leclerc (ESSEC – Labo E&MISE) ont partagé les enseignements d’un contrat à impact de 4 M€ sur 3 ans.
Indicateurs définis dès le départ :
- nombre de bénéficiaires,
- taux de retour à l’emploi,
- levée des freins sociaux et psychologiques.
Le rôle de l’évaluateur est double :
- mesurer l’efficacité réelle (études longitudinales T0/T1/T2),
- certifier les données collectées dans le respect du RGPD.
Enjeux :
- forte acculturation des équipes à la mesure,
- mise en place de systèmes de collecte et de reporting exigeants,
- reconnaissance d’un coût élevé (temps, données, vérification…).
Côté investisseur : risque assumé et ingénierie complexe
Maha Keramane (BNP Paribas) a rappelé que chaque contrat est sur-mesure, long à structurer, et nécessite un modèle financier clair. Mais il permet d’accélérer des projets innovants qui n’auraient pas trouvé de financement classique.
Côté finance publique : de la subvention à la performance
Virginie Arnaud Le Pape (AFD) a présenté un contrat de 3 M€ avec Care France, en Éthiopie.
Objectif : prouver l’efficacité du modèle pour intégrer le programme dans les politiques publiques locales, en dialoguant avec plusieurs ministères.
Quels bénéfices concrets ?
- Structuration des projets.
- Coopération renforcée entre acteurs.
- Possibilité d’ajuster en temps réel en fonction des résultats.
- Valorisation de l’échec comme apprentissage.
Mais aussi des limites à anticiper :
- Processus long (jusqu’à 18 mois de montage).
- Collecte de données lourde et coûteuse.
- Dépendance possible au financement par contrat à impact.
En résumé
Le contrat à impact est une illustration puissante de la Mesure d’Impact appliquée à la finance publique. Il exige une rigueur méthodologique forte, mais peut débloquer des financements pour des projets à fort potentiel social, tout en garantissant une responsabilité partagée entre financeurs, opérateurs et évaluateurs.
6. Changer les imaginaires pour changer d’échelle

La Mesure d’Impact ne se limite pas à des chiffres ou à des tableaux de bord. Elle est aussi un outil culturel et politique, capable de transformer la manière dont on perçoit le succès, l’engagement ou la transition. C’est ce qu’a rappelé avec force la dernière table ronde du Sommet, consacrée au « coût de la transition » — un coût à la fois économique, social… et imaginaire.
Côté État : institutionnaliser la durabilité dans la gouvernance
Emmeline Stein (Agence des Participations de l’État) a présenté une stratégie concrète pour faire évoluer les entreprises détenues par l’État vers plus d’impact.
4 leviers activés :
- Formation des administrateurs publics à la durabilité.
- Intégration systématique d’objectifs climat dans les instances de gouvernance.
- Indexation des rémunérations variables des dirigeants sur des critères RSE (jusqu’à 20 %, dont 5 % minimum sur le scope 3).
- Transformation des services achats en acteurs de la décarbonation (les achats représentant 80 % des émissions indirectes).
La Mesure d’Impact devient ici un moyen d’alignement stratégique, bien au-delà du reporting réglementaire.
Côté société civile : rendre la transition désirable
Pierre Pageot (Groupe SOS) a rappelé que la transition écologique ne sera pas juste si elle n’est pas inclusive.
Enjeux :
- Lutter contre les exclusions générées par l’écologie (ex : rénovation inaccessible aux publics précaires).
- Éduquer massivement à l’écologie (23 000 salariés, 350 000 bénéficiaires annuels).
- Favoriser l’insertion via les métiers de la transition.
Citation marquante :
« Les plus vulnérables sont les moins responsables… mais aussi les plus exposés. »
Ici, la Mesure d’Impact sert à identifier les angles morts des politiques publiques et à mieux orienter les dispositifs.
Côté entreprise : créer des récits mobilisateurs
Isabelle Kocher de Leyritz (Blunomy, ex-DG d’Engie) a insisté sur le rôle clé des récits pour donner envie d’agir.
Message : la transition peut être désirable, positive, fun — à condition de sortir d’une vision punitive ou technocratique.
Une transformation culturelle en marche
Jacques Berger (Action Tank Entreprise & Pauvreté), modérateur, a résumé ainsi le défi :
« Le point de bascule n’est pas technique. Il est culturel. Ce n’est pas une route déjà tracée, c’est une quête partagée. »
En d’autres termes : la Mesure d’Impact doit aussi intégrer des indicateurs d’évolution des mentalités, de transformation des représentations collectives, de désirs nouveaux. Car sans changement d’imaginaire, pas de changement d’échelle.
Parfait. Voici la Partie III de l’article, optimisée autour du mot-clé Mesure d’Impact, en synthétisant les tendances évoquées tout au long du Sommet pour faire émerger un langage partagé et opérationnel.
III. Vers un langage commun de la Mesure d’Impact
Le Sommet l’a montré : malgré la diversité des acteurs – entreprises, investisseurs, collectivités, État, associations – une convergence méthodologique est en cours. Loin d’être un simple outil de reporting, la Mesure d’Impact devient un langage commun, structuré autour de principes, de référentiels et d’outils partagés.

Une grammaire de l’impact en construction
Les piliers fondateurs (intentionnalité, additionnalité, mesurabilité) deviennent des repères transversaux. Qu’il s’agisse de mesurer l’effet d’un fonds, d’un programme public, d’une action locale ou d’un contrat à impact, tous s’accordent désormais sur ces fondamentaux.
Cette convergence est renforcée par :
- La charte de la finance à impact (Institut de la Finance Durable),
- Les travaux de l’AMF sur les règles d’étiquetage des fonds durables,
- Les standards européens (CSRD, Taxonomie) qui imposent une logique commune à toutes les grandes entreprises,
- La mobilisation croissante des acteurs du développement économique vers des grilles territoriales d’impact.
Des outils partagés, interopérables, en voie d’industrialisation
La prochaine étape, désormais bien amorcée, consiste à rendre cette mesure opérationnelle à grande échelle :
- Plateformes celles qui nous avons référencés dans notre Mapping 🇫🇷 Numérique → Climat v4 permettent d’automatiser le reporting CSRD,
- Méthodologies et les référentiels de labellisation ou de certificaiton pour calculer l’impact territorial,
- Outils de scoring ouverts comme le NEC (Net Environmental Contribution) dans la Finance, BDO/QDO dans le bâtiment vont permettre d’aller au-delà du seul carbone.
Une opportunité à venir : L’Union européenne prévoit en 2027 le déploiement de sa plateforme CSRD, rendant ces données :
- accessibles à tous les acteurs,
- comparables à l’échelle européenne,
- et réutilisables dans des systèmes de suivi, de notation, ou d’IA.
Il s’agit d’une opportunité incroyable de faire émerger un espace d’échange de données et de créer de nouveaux services qui vont profondément transformer l’industrie. Un peut comme l’a fait Yuka dans l’alimentaire grâce aux données d’ Open Food Facts
La Mesure d’Impact comme levier de gouvernance
Derrière la technique, un basculement stratégique : la Mesure d’Impact devient un outil de gouvernance.
Se mettre d’accord sur des indicateurs, est un choix politique puisqu’il permet de :
- Arbitrer des décisions (ex. : fonds d’investissement, commandes publiques),
- Prioriser des actions (ex. : politiques de transition, plans d’investissement climat),
- Engager les parties prenantes autour d’objectifs communs et vérifiables.
Elle joue aussi un rôle pédagogique : elle donne à voir ce qui fonctionne, permet de valoriser les réussites et d’apprendre des échecs.
Une culture de la preuve au service de la coopération
La généralisation de la Mesure d’Impact favorise l’émergence de coalitions nouvelles, où chaque acteur peut contribuer à la transformation selon ses leviers spécifiques.
C’est une dynamique de coopération basée sur la confiance et la transparence, bien loin des logiques cloisonnées d’hier.
IV. Opérationnaliser : du concept aux outils
La théorie est désormais claire. Les référentiels s’alignent. La culture de la Mesure d’Impact se diffuse. Reste une question essentielle : comment passer de l’intention à l’action ?
Autrement dit, comment rendre la mesure utile, automatisable, évolutive et intégrée aux processus quotidiens des organisations ?
Voici les 4 chantiers majeurs que j’ai identifiés pour opérationnaliser la Mesure d’Impact à grande échelle.
1. Des plateformes numériques pour industrialiser la mesure
Face à la complexité croissante des obligations réglementaires (notamment la CSRD et les normes ESRS), les outils traditionnels (Excel, audits manuels) ne suffisent plus.
Le mapping des solutions de Mesure d’Impact réalisé par Kosmio met en lumière une diversité croissante d’outils numériques au service de la transformation durable. On y distingue plusieurs grandes catégories de solutions qui permettent d’industrialiser la mesure tout en respectant les spécificités de chaque acteur :
- Des solutions de reporting multi-référentiels, capables d’agréger des données issues de normes comme la CSRD, le Bilan Carbone, B Corp ou encore ISO 26000, pour produire des rapports intégrés et conformes.
- Des plateformes de pilotage de l’empreinte carbone sur l’ensemble des scopes (1, 2, 3), offrant des tableaux de bord dynamiques adaptés aux besoins des directions financières, RSE ou achats.
- Des outils spécialisés dans la Mesure d’Impact territorial, capables de calculer les retombées économiques et sociales d’une activité sur un territoire donné, en s’appuyant sur des bases de données ouvertes et des méthodologies éprouvées.
- Et enfin, des frameworks open source qui permettent de structurer des référentiels personnalisés, d’agréger des preuves d’impact, et de générer des scores interopérables – utiles notamment pour les coalitions, les fédérations ou les projets à gouvernance distribuée.
Ce panorama témoigne de la richesse de l’écosystème de la Mesure d’Impact qui est en pleine structuration : il devient possible de choisir des outils selon le niveau de maturité, le périmètre d’action ou les exigences réglementaires, tout en gardant une logique de transparence, de traçabilité et de performance partagée.
Ces outils permettent un suivi continu, une meilleure traçabilité, et surtout une réduction massive du temps consacré au reporting (jusqu’à -75 % selon Zei).
2. Une interopérabilité accrue pour connecter les référentiels
L’un des défis majeurs de la Mesure d’Impact réside dans l’harmonisation des données, dans un contexte où chaque acteur utilise ses propres outils, grilles, indicateurs et périmètres.
À l’horizon 2027, l’Union européenne prévoit le lancement d’un point d’accès unique européen (ESAP), permettant à tous les outils numériques d’extraire, croiser et comparer les données publiées dans les rapports extra-financiers des entreprises européennes.
Parallèlement, la notion de Data Space Environnemental émerge comme une infrastructure essentielle pour structurer l’échange de données d’impact entre acteurs publics, privés et associatifs. Ces espaces de données visent à garantir la souveraineté, la transparence et l’interopérabilité des informations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).

Dans cette dynamique, Kosmio s’engage activement en collaborant avec plusieurs acteurs de la mesure d’impact pour constituer un consortium dédié au développement d’un Data Space Environnemental. L’objectif est de co-construire une infrastructure ouverte et interopérable, facilitant la collecte, l’analyse et le partage de données d’impact à l’échelle européenne.
Ce consortium ambitionne de :
- Standardiser les référentiels d’impact pour assurer une cohérence dans la mesure et le reporting environnemental au sens large.
- Développer des outils numériques open source permettant une collecte et une analyse efficaces des données.
- Favoriser l’interopérabilité entre les différentes plateformes et systèmes d’information existants.
- Assurer la souveraineté des données en garantissant leur sécurité et leur conformité aux réglementations en vigueur.
En participant à cette initiative, Kosmio contribue à la création d’un écosystème de la donnée d’impact robuste et durable, essentiel pour piloter efficacement la transition écologique et sociale à l’échelle européenne.
3. Des montées en compétences ciblées
L’opérationnalisation passe aussi par la formation de celles et ceux qui doivent produire ou interpréter la mesure : DAF, acheteurs publics, directions RSE, administrateurs, collectivités, investisseurs…
C’est une transformation culturelle qui impose :
- la maîtrise des référentiels (CSRD, GRI, SFDR…),
- la compréhension des outils numériques de reporting,
- la capacité à utiliser les résultats de la Mesure d’Impact pour piloter, arbitrer, prioriser.
Exemple : certaines collectivités forment désormais leurs élus à la lecture d’un rapport extra-financier ou d’un contrat à impact.
Sur ce volet de formation qui devient essentiel, nous avons publié un Mapping des différents acteurs de l’écosystème Français de la formation professionnelle continue :
4. Des modèles de financement adaptés à la maturité des porteurs
Si la Mesure d’Impact devient un prérequis, encore faut-il en financer la mise en place.
Cela implique de proposer des solutions différenciées selon le degré de maturité des porteurs de projets.
Solutions évoquées :
- Contrats à impact : financement conditionné à des résultats mesurables.
- Fonds hybrides : combinant subventions, capital patient et prêts d’amorçage.
- Labels & bonus d’impact : leviers incitatifs pour les marchés publics (bonus sur les critères ESG bien scorés).
L’enjeu : faire en sorte que la mesure ne soit pas une charge, mais un levier de financement et de valorisation.
En résumé
Pour que la Mesure d’Impact devienne une réalité opérationnelle
- il faut des outils fiables, accessibles et interopérables,
- des compétences adaptées pour les utiliser,
- et des modèles de financement qui intègrent cette exigence sans la pénaliser.
C’est précisément sur ce terrain que des entreprises comme Kosmio, pour reconcilier performance et impact à toutes les échelles.

La Mesure d’Impact, nouvelle boussole de la transformation
Le Sommet de la Mesure d’Impact 2025 a révélé bien plus qu’un état des lieux. Il a mis en lumière une dynamique profonde : celle d’une société en quête de clarté, de responsabilité et de coopération. Une société qui ne veut plus simplement agir, mais prouver que ses actions transforment réellement.
Ce que nous avons vu, c’est l’émergence d’une grammaire partagée de l’impact :
- un vocabulaire commun (intentionnalité, additionnalité, mesurabilité),
- des outils interopérables,
- des pratiques alignées entre secteurs,
- et une volonté collective de faire de la Mesure d’Impact un levier de confiance, de pilotage et de transformation à toutes les échelles.
Mais il reste un défi : passer de la stratégie à l’exécution. Car mesurer l’impact ne suffit pas. Il faut l’outiller, le financer, le rendre désirable, et surtout, le gouverner collectivement.
C’est là que les coalitions d’acteurs, les plateformes ouvertes et les modèles hybrides auront un rôle déterminant à jouer. Pour que la Mesure d’Impact ne reste pas cantonnée aux grandes entreprises ou aux fonds spécialisés, mais devienne l’infrastructure invisible qui relie chaque décision à un résultat concret.
Mesurer, c’est transformer. Et transformer, aujourd’hui, c’est s’engager dans une trajectoire où la preuve de l’impact devient la norme, et non l’exception.
Je suis convaincu que la transformation passe par une traçabilité de l’impact claire, simple et accessible. C’est pourquoi avec Kosmio, nous développons des outils numériques open source pour structurer les référentiels, fiabiliser la donnée, agréger les preuves et produire des scores robustes, interopérables, et partagés
Pour passer à l’action, pour vos projets, territoires ou fonds à impact, écrivons ensemble la suite.
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